Investir en période d’inflation : comment s’orienter?

Publié le 31/08/2022 à 00:01

Alors que les actions peinent à se redresser après un début d’année 2022 laborieux et que la hausse des taux d’intérêt provoque des remous sur les marchés à revenu fixe, certains investisseurs peuvent s’inquiéter du niveau d’inflation, qui érode le pouvoir d’achat au fil du temps. Bien qu’il soit difficile de se protéger contre l’inflation et que les situations varient grandement d’un investisseur à l’autre, il serait peut-être souhaitable de revenir aux principes de base : garder l’œil sur les objectifs financiers à long terme tout en modifiant judicieusement la composition de son portefeuille.

Quel est le portrait actuel? Au Canada, l’inflation globale a atteint 7,6 % en juillet, en léger retrait par rapport à 8,1 % au mois précédent. Aux États-Unis, elle s’est élevée à 8,5 %, comparativement à l’inflation de 9,1% en juin qui marquait un sommet de 40 ans. Face à des niveaux d’inflation persistants — et élevés — plutôt que transitoires, les banques centrales sont en mode rattrapage et resserrent leur politique monétaire dans l’espoir de ramener l’inflation plus près de leur cible, c’est-à-dire à 2 %.

L’équipe économique d’Addenda Capital estime que les pressions inflationnistes pourraient atteindre un pic en 2022, le resserrement de la politique monétaire permettant d’atténuer l’impact d‘éléments tels que les problèmes de chaîne d’approvisionnement, les prix élevés des matières premières et l’augmentation des coûts de main-d’œuvre. En fonction de ce qu’ils anticipent des banques centrales en termes de resserrement de politique monétaire, l’hypothèse de l’équipe suppose que l’inflation totale cette année :

  • sera en moyenne de 5,3 % au Canada, chutant à 3,1 % en 2023 (avec risque à la hausse) et à 1,9 % en 2024;
  • sera en moyenne de 6,3 % aux États-Unis, puis de 3,2 % en 2023 (avec risque à la hausse également) et de 1,8 % en 2024.

Toutefois, pour que cela se produise, la Banque du Canada et la Réserve fédérale des États-Unis devront relever leurs taux directeurs à 4 % et 4,5 % respectivement, selon les prévisions de notre équipe. Le resserrement entrepris à la fin de l’hiver fait en sorte que celui de la Banque du Canada est passé de 0,25 % à 2,5 % tandis que la fourchette cible de la Fed est passée de 0-0,25 % à 2,25-2,5 %. Ce mouvement haussier a déjà entraîné une hausse substantielle des taux d’intérêt obligataires de plus longue échéance, frappant du coup les investisseurs qui sont exposés aux titres à revenu fixe.

Nombreux sont les investisseurs qui privilégient une formule traditionnelle de 60 % d’actions et 40 % d’obligations, avec les ajustements appropriés pour tenir compte de leur tolérance au risque et de leurs besoins financiers. Quand le vent se lève dans une direction ou dans l’autre, il arrive que certains puissent songer à des changements.

 

  • L’impact de l’inflation sur les obligations est double. Premièrement, une inflation plus élevée s’accompagne d’une hausse des taux d’intérêt directeurs des banques centrales qui se répercute sur les taux d’intérêt obligataires. Il en résulte une baisse du prix des obligations, qui se traduit par des rendements négatifs. Ensuite, bien sûr, l’inflation érode la valeur des paiements futurs générés par les obligations.
  • En ce qui concerne les actions, l’impact de l’inflation dépend d’un certain nombre de facteurs. L’argument de base pour investir dans les actions, en théorie du moins, est que sur le long terme, les rendements seront toujours égaux ou supérieurs au niveau de l’inflation. En cas d’inflation élevée, certains pourraient choisir de se concentrer sur des secteurs spécifiques, comme les matières premières ou l’immobilier, ou sélectionner des entreprises dans des domaines où la concurrence est faible, ce qui leur procure davantage de contrôle sur le prix de leurs produits. Ceci étant dit, la sensibilité à l’inflation et aux taux d’intérêt peut varier d’un secteur à l’autre.

 

CFA Montréal a déjà écrit que si «la plupart des études démontrent qu’il est difficile de se protéger contre l’incidence d’une hausse de l’inflation, […] il est tout de même possible et utile d’estimer l’incidence éventuelle de l’inflation sur notre niveau de vie». L’organisation avait ajouté qu’une question que les investisseurs doivent se poser consiste à savoir s’il est possible d’augmenter leur épargne annuelle du même ordre que le taux d’inflation, si l’évolution du revenu net (ou salaire net) le permet.

Bien que des stratégies plus complexes puissent être établies pour des clients ayant des besoins spécifiques, Addenda Capital, dont la philosophie repose sur une approche disciplinée, tiendra notamment à revoir les objectifs financiers.

Par exemple :

  • Le portefeuille est-il destiné à générer un revenu, une certaine croissance du capital ou un mélange des deux ?
  • Quelle est la tolérance au risque ?
  • Le portefeuille est-il suffisamment diversifié ?
  • L’objectif est-il davantage axé sur la croissance à long terme ? Ou s’agit-il plutôt de s’assurer de la préservation du capital ?
  • Quel est l’horizon de placement ?

Les marchés n’ont pas vu de niveaux d’inflation aussi élevés depuis 40 ans, ce qui signifie que de nombreux investisseurs vivent cette expérience pour la première fois. L’histoire est cependant riche en enseignements sur les bénéfices de maintenir le cap sur le long terme malgré les défis du présent, pourvu que les stratégies d’investissement soient adaptées aux objectifs financiers et à la tolérance au risque de l’investisseur.

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1 https://www.cfaquebec.org/content/uploads/2019/10/CFA_Quebec_FeuilletRetail-4_FR_V05-web.pdf

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