Jason Fried : le fondateur de 37signals est obsédé par la clarté

Publié le 31/08/2010 à 13:00, mis à jour le 14/05/2012 à 16:20

Jason Fried : le fondateur de 37signals est obsédé par la clarté

Publié le 31/08/2010 à 13:00, mis à jour le 14/05/2012 à 16:20

Par Diane Bérard

D.B. - Vous suggérez aussi aux dirigeants de suivre l'exemple des trafiquants de drogue pour augmenter leurs ventes...

J.F. - C'est le principe de la gratuité et de la dépendance. Vous offrez un tout petit peu de votre produit ou service gratuitement, en souhaitant que le client soit prêt à payer pour en avoir beaucoup plus. Au lieu de tester une automobile cinq minutes dans le stationnement du concessionnaire, imaginez si vous pouviez la conserver pendant toute une soirée ? Ou si votre premier vol sur les ailes d'une nouvelle compagnie aérienne était gratuit et que le service était tellement hors pair que vous ne voudriez plus jamais voler avec un autre transporteur. Offrir son produit gratuitement témoigne d'une grande confiance en sa valeur.

D.B. - Vous n'êtes pas un apôtre de la croissance. Pourquoi ?

J.F. - Ce n'est pas tout à fait vrai : je veux faire croître mon influence et celle de ma société, mais pas l'entreprise elle-même. C'est très différent. Nous avons 20 employés, nous pourrions en avoir plus, mais je n'y tiens pas. Je n'y vois aucun avantage. D'ailleurs, j'attends encore une réponse intelligente à la question : " Pourquoi une entreprise doit-elle croître ? " Lorsque je la pose à un dirigeant, il adopte automatiquement une attitude défensive et me répond : " Je n'ai pas le choix, la concurrence m'y force. " La vraie réponse est que les entreprises croissent pour satisfaire l'ego de leurs dirigeants.

D.B. - Le monde se porterait-il mieux s'il n'y avait que des PME ?

J.F. - Pas nécessairement. Il y aura toujours de grandes entreprises, tout comme il existe de grandes villes. Je dis simplement que la croissance n'est pas la seule voie possible et souhaitable pour tout et pour tous. Il faut cesser d'en faire un dogme.

D.B. - Selon vous, les entreprises accordent trop d'importance à leurs concurrents; comment peut-il être néfaste de se préoccuper de ceux qui peuvent vous ravir vos clients ?

J.F. - Pendant que vous vous préoccupez de ceux qui peuvent vous ravir vos clients, vous ne vous préoccupez pas de vos clients eux-mêmes ! On consacre du temps à nos concurrents - que nous ne contrôlons pas - plutôt qu'à nos clients - sur lesquels nous exerçons une influence.

D.B. - Pourquoi vous opposez-vous à toute forme de planification en affaires ?

J.F. - Planifier nous donne un faux sentiment de sécurité et de contrôle. C'est une perte de temps et je déteste perdre mon temps. Quand vous planifiez, vous utilisez forcément de l'information périmée. Quel est l'intérêt de planifier où en sera votre entreprise dans deux ans en fonction de ce que vous savez aujourd'hui ? Pour moi, planifier équivaut à deviner. Vous ferez le point dans deux ans, en vous fiant à l'information la plus récente. Je suis contre la planification, mais je suis pour la réflexion.

D.B. - Vous avez déjà affirmé que le secret de votre productivité tient au fait que les membres de votre équipe passent le plus clair de leur temps éloignés les uns des autres. N'est-ce pas hérétique dans un monde qui prône le travail d'équipe ?

J.F. - Nous collaborons beaucoup trop, il ne nous reste plus de temps pour travailler. Alors on doit effectuer notre " vrai " travail avant neuf heures ou après 17 heures, ce qui explique qu'on soit toujours fatigués !

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