Mélissa Lapointe a subitement pris la tête de Construction Nivo-Tech en avril 2019. (Photo: Marc-André Couture Photographe)

REPRENEURIAT. Les ressources spécialisées pour aider les repreneurs une fois la transaction effectuée sont encore trop peu nombreuses. Le repreneur se retrouve souvent seul face aux défis qu’implique un transfert. 

« C’est comme si, à partir du moment où le repreneur a le volant entre les mains, il se dit “c’est fait”. Pourtant, il a tellement de défis à relever », lance Louise Cadieux, professeure retraitée de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et experte en transfert d’entreprise à Soluce fiscalité et comptabilité.

Des ressources post-transfert existent — coaching d’affaires, accompagnement en planification stratégique, marketing, etc. —, estime Stéphane Bourgeois, directeur principal du Service de transfert d’entreprise à la Banque Nationale, mais les entrepreneurs ne les utilisent pas, dit-il. Soit parce qu’ils pensent qu’ils n’en ont pas besoin, soit parce qu’ils ne savent pas où les trouver.

« Pourtant, ce qui ne fonctionne pas, dans bien des cas, c’est l’après-transaction. Par exemple, si les employés ne sont pas informés, s’ils ne font pas partie du processus de transfert, ça peut être coûteux parce que l’entrepreneur peut perdre des ressources », précise-t-il.

Le directeur général du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ), Alexandre Ollive, dit être conscient de ce problème et vouloir s’y attaquer. Son organisme compte par exemple créer des équipes consacrées aux services post-transfert pour permettre aux repreneurs d’avoir facilement accès à des spécialistes en tout genre.

« Ça prendra plus d’initiatives structurantes et plus de joueurs dans le marché pour être capable d’encadrer toutes les entreprises à céder dans les dix prochaines années », juge pour sa part Pierre Graff, président-directeur général du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Se débrouiller (presque) seule

Mélissa Lapointe est bien placée pour juger des ressources post-transfert, elle qui a dû se débrouiller du mieux qu’elle a pu lorsqu’elle a subitement pris la tête de Construction Nivo-Tech en avril 2019. Quelques mois plus tôt, le décès de son père — seul actionnaire de l’entreprise — a été le moment déclencheur d’une aventure entrepreneuriale hors du commun.

« Il n’avait pas de plan de relève. Donc, je n’ai pas nécessairement suivi toutes les étapes habituelles », raconte-t-elle. Elle a appris les rudiments de la construction sur le tas et est parvenue à faire sa place dans un milieu majoritairement masculin, notamment grâce au Réseau Mentorat. Elle a ainsi pu échanger une fois par mois avec un entrepreneur expérimenté de sa région, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour discuter d’affaires, mais aussi d’équilibre travail-famille.

Cette mère de deux enfants s’est également jointe au Groupement des chefs d’entreprise (qui s’appelle désormais EntreChefs PME) pour se nourrir des connaissances et des expériences d’autres entrepreneurs, en plus de se faire accompagner par un comptable, un fiscaliste et un notaire. « L’entrepreneuriat, ce n’est pas un long fleuve tranquille, témoigne-t-elle. Mon conseil numéro un, c’est de se bâtir un réseau d’affaires et de bien s’entourer. De se faire accompagner par des professionnels. »