Les promoteurs immobiliers face aux questions climatiques

Publié le 14/11/2023 à 13:45

Les promoteurs immobiliers face aux questions climatiques

Publié le 14/11/2023 à 13:45

Par Charles Poulin

Le projet Solar Uniquartier de Brossard est un exemple d’un projet transit-oriented development (TOD), avec la station du REM. (Photo: courtoisie)

En plus des difficultés posées par les conditions macroéconomiques du marché, les promoteurs immobiliers doivent également naviguer les fortes vagues causées par les événements climatiques violents, qui sont de plus en plus fréquents et qui affectent désormais la viabilité de certains projets, mais aussi celles de l’efficacité énergétique.

Il n’y a qu’à reculer à cet été pour comprendre comment les épisodes climatiques violents peuvent affecter toute une province, voire un pays. Les feux de forêt estivaux de 2023 ont dévasté plus de 16,5 millions d’hectares.

L'effet sur l’immobilier s’est aussi fait sentir. Ces incendies ont mené à 284 évacuations touchant pas moins de 232 000 personnes. Et c’est sans compter toutes les personnes du sud des provinces canadiennes, dont le Québec, qui ont été incommodées par un smog beaucoup plus long et persistant en raison de la fumée dégagée plus au nord.

En juin, deux grands assureurs américains sont sortis du marché californien. Ils ont simplement arrêté d’assurer les nouvelles maisons parce que leurs pertes ont été trop grandes ces dernières années en raison des fréquents feux de forêt dans cet État de l’ouest des États-Unis.

Si aucune entreprise n’est encore sortie du marché québécois, elles n’en ont pas moins mesuré les risques, qu’elles estiment avoir augmentés.

« C’est l’une des préoccupations des propriétaires d’immeubles locatifs, révèle le président de l’Association des propriétaires du Québec (APQ), Martin Messier. On se retrouve même avec des assureurs qui n’assurent plus certains édifices à cause de leur âge. Lorsqu’on ajoute les chaleurs extrêmes et les pluies diluviennes à ça, on a des immeubles où on a de plus en plus d’éléments qui cèdent, et donc de réclamations. Le risque devient alors trop important pour les assureurs. »

 

Efficacité énergétique

Pour aider à contrer la pénurie d’offres sur le marché et, en même temps, travailler de façon à développer l’immobilier québécois de manière durable, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) estime que le gouvernement du Québec devrait apporter de l’aide aux propriétaires d’édifices locatifs, présents et futurs, pour que leurs bâtiments soient écoénergétiques.

Ce serait là une aide qui bénéficierait autant aux propriétaires qu’aux locataires, juge l’organisme. « Dans 75 % des immeubles au Québec, la charge de chauffage est aux frais du locataire, rappelle le directeur du Service économique de l’APCHQ, Paul Cardinal. Le propriétaire ne bénéficie pas de la facture de chauffage pour rentabiliser les travaux, mais il serait intéressant de le faire pour la préservation du parc, pour l’efficacité écoénergétique et pour que le locataire bénéficie d’une baisse de sa propre facture. »

Le président-directeur général de l’APCHQ, Maxime Rodrigue, souligne que plus de la moitié des immeubles résidentiels québécois ont été construits avant 1980. Les normes énergétiques de l’époque n’étaient vraisemblablement pas à ce qui est souhaitable aujourd’hui. « Vous pouvez vous imaginer qu’ils sont des passoires et qu’on chauffe le dehors », laisse-t-il tomber.

Il aimerait ainsi discuter avec le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie pour voir comment il serait possible d’améliorer l’efficacité énergétique des immeubles québécois tout en donnant un incitatif aux propriétaires pour rénover ou pour construire plus « vert ».

« On veut rencontrer Pierre Fitzgibbon parce qu’il aura besoin de cette énergie qui s’envole dans l’atmosphère s’il veut réaliser sa transition énergétique », soumet-il.

 

Construite autrement

Le président sortant de Broccolini et co-président de la table de travail de Chantier Montréal abordable, Roger Plamondon, croit qu’il est impératif d’insérer le développement durable dans les méthodes de construction québécoises.

Il faudrait notamment s’inspirer de ce qui se fait ailleurs pour trouver des solutions originales et fonctionnelles pour le Québec.

« Si on continue de garder une vision plus archaïque de ne pas densifier le territoire, je pense qu’on manque une occasion rêvée, soumet-il. On va favoriser l’étalement urbain et aller à l’encontre des principes de développement durable. J’ai de la difficulté à comprendre parfois. En Europe, il y a des projets de densification qui sont des immeubles signature qui ont des espaces verts, des espaces d’école, de garderie à l’intérieur de tours avec des environnements mixtes. Il existe des choses réalisables. »

 

Zones TOD

Une des solutions pour soutenir le développement durable passe par les zones transit-oriented development (TOD), estime le chef de la direction et associé chez Devimco, Laurent Messier.

« Le projet Solar Uniquartier de Brossard est un bel exemple d’un projet TOD, avec la station du REM, avance-t-il. Que ce soient des locataires ou des propriétaires, ils peuvent graduellement délaisser la voiture. Je crois que c’est le type de projet qui est souhaitable. Ça permet de faire profiter à plus de citoyens un accès facile aux transports en commun. »

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