Une carrière en finance pour les femmes? «Oui, c’est possible»

Publié le 08/03/2023 à 14:00

Une carrière en finance pour les femmes? «Oui, c’est possible»

Publié le 08/03/2023 à 14:00

Par Charles Poulin

Hadiza Djataou est mère de deux enfants, ce qui ne l’a pas empêchée d’être gestionnaire de portefeuille, de voyager, de voir des clients tout en étant présente pour ses enfants. (Photo: courtoisie Placements Mackenzie)

La parité hommes-femmes n’est peut-être pas encore atteinte dans le domaine de la finance, mais Hadiza Djataou, gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie, estime que l’industrie fait des pas dans la bonne direction pour y parvenir. Elle veut lancer le message aux femmes qu’une carrière en finance, c’est possible.

La vice-présidente portefeuille à revenus fixes chez Placements Mackenzie travaille dans le domaine de la finance depuis 2002. Elle a démarré sa carrière en France, travaillant au passage pour la Société générale et AXA, avant d’immigrer au Canada il y a cinq ans.

«Lorsque j’ai commencé, la représentation des femmes dans les secteurs du pupitre de négociations et de gestion d’actifs était de moins de 15%, souligne-t-elle. Il y a eu une évolution depuis, même si elle demeure lente. On aperçoit beaucoup plus de femmes aujourd’hui qu’à l’époque.»

Elle remarque qu’au sein de sa propre entreprise, la représentation féminine dans les postes de direction (directrices et postes supérieurs comme les vice-présidentes) est d’environ 30%.

«On voit au Canada un effort pour améliorer la présence de la femme en finances, soutient-elle. Placements Mackenzie s’est fixé comme objectif d’avoir, d’ici 2025, 40% de femmes dans les postes de directrices et les postes supérieurs. Nous ne sommes pas les seuls, je vois ça chez plusieurs institutions financières et gestionnaires de fonds. Les mentalités évoluent, et ça jette de bonnes bases pour l’avenir.»

Femmes en finance

Hadiza Djataou se rend régulièrement dans les universités parler aux étudiantes en finance. Sa contribution, explique-t-elle, est de les rassurer sur la possibilité de mener une carrière en tant que femme en finance.

«La perception et l’appréhension sont souvent de croire qu’il faut faire des sacrifices en tant que femme en finance, précise-t-elle. Qu’il faut se consacrer uniquement à son emploi. Je leur donne mon exemple de mère de famille de deux enfants, ce qui ne m’a pas empêchée de faire carrière, d’être gestionnaire de portefeuille, de voyager, de voir des clients tout en étant présente pour mes enfants.»

Elle note d’ailleurs que des femmes ont accédé à la tête de sociétés financières. Elle s’identifie beaucoup à Ana Botin, la PDG du groupe bancaire espagnol Santander depuis 2014. Elle mentionne également Christine Lagarde, présidente de la banque centrale européenne depuis 2019, ainsi que Janet Yellen, qui a été présidente de la Réserve fédérale américaine de 2014 à 2018.

«C’est possible de faire carrière en finance, même s’il s’agit d’un domaine traditionnellement dominé par les hommes», affirme-t-elle.

Encore des appréhensions

Hadiza Djataou confirme le progrès des femmes en finance, mais elle n’a pas d’œillères non plus. Elle sait qu’il reste du chemin à faire.

Pour avoir travaillé un peu partout à travers le monde, elle observe que ce ne sont pas toutes les cultures qui sont aussi ouvertes que le Canada sur la place des femmes en finance. Et même au pays, la présence d’une femme peut encore faire lever les sourcils.

«Lorsque je présente un appel d’offres, la première réaction est parfois celle de la surprise, avoue-t-elle. Il peut y avoir un peu de réticence au départ, mais lorsque la relation est établie, en général tout se passe extrêmement bien.»

Il peut aussi être difficile et intimidant d’être la seule femme dans une réunion ou une discussion où se trouve une quinzaine ou une vingtaine d’hommes. Il faut avoir une bonne dose de confiance et de profondes connaissances, estime Hadiza Djataou.

«Une des choses les plus importantes pour moi pour combattre les préjugés, ça a toujours été d’être sûre que mes interventions étaient bien préparées, indique-t-elle. J’ai connu la crise de 2008, mais aussi la crise grecque de 2011. Alors je dirais que ça m’a énormément apporté, et que maintenant, peu de choses sur les marchés vont me faire perdre mon sang-froid.»

Apports

Hadiza Djataou croit que les femmes ont une contribution importante à apporter au monde de la finance. La première est de permettre de développer une diversité de pensée.

«Il faut penser que la finance est un domaine vraiment dominé par les hommes, explique-t-elle. Ces gens-là sont issus des mêmes groupes socioprofessionnels, des mêmes universités, etc. Le fait d’ajouter des femmes, c’est déjà une exposition à une diversité de pensée, mais aussi de milieux différents.»

Elle estime également que la gestion féminine des relations avec les clients permet d’avoir une perspective originale, autant pour l’entreprise que pour les clients, tout comme leur expertise de recherche de gestion différente de celle des hommes.

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