Les compétences en intelligence artificielle sont prisées par les employeurs

Publié le 10/01/2024 à 13:45

Les compétences en intelligence artificielle sont prisées par les employeurs

Publié le 10/01/2024 à 13:45

Par La Presse Canadienne

De nombreux emplois se concentrent sur l’IA générative, un type d’apprentissage automatique capable de générer du texte, des images et d’autres contenus. (Photo: ThisisEngineering RAEng pour Unsplash)

Toronto — Les entreprises en recrutement seront à la recherche de candidats compétents dans un domaine stratégique: l’intelligence artificielle (IA).

Trouver des professionnels capables de développer des produits basés sur l’IA ou de les utiliser pour accroître la productivité est une priorité pour les organisations du secteur technologique au moment où la course pour tirer profit de l’IA s’intensifie.

«Tout le monde recherche des personnes qui comprennent comment utiliser l’IA», affirme Jenny Yang, conseillère principale au centre d’innovation MaRS à Toronto, qui aide les jeunes pousses à relever les défis liés à la croissance de leur entreprise et à la commercialisation de leurs produits.

«Certaines sont des entreprises qui souhaitent utiliser ChatGPT [chatbot IA] elles-mêmes… et puis il y a des entreprises qui essaient vraiment d’embaucher des scientifiques de données afin de créer des produits d’IA.»

Une consultation des offres d’emploi montre, par exemple, que Porter Airlines a récemment recherché un ingénieur en IA à Toronto «pour résoudre un large éventail de problèmes complexes» et que le géant pharmaceutique Johnson & Johnson souhaitait embaucher un scientifique de données d’expérience pour «rester à l’avant-garde de l’intelligence artificielle».

De nombreux emplois se concentrent sur l’IA générative, un type d’apprentissage automatique capable de générer du texte, des images et d’autres contenus. La popularité de cette forme d’IA a explosé depuis la sortie en novembre 2022 de ChatGPT, un agent conversationnel d’OpenAI qui peut rapidement transformer de simples demandes réponse sous forme de texte.

L’arrivée de ChatGPT a lancé une course entre les géants de la technologie, dont Google et Microsoft, et a inspiré d’autres entreprises à réfléchir à la manière dont la technologie pourrait transformer leurs activités.

Désormais, les offres d’emploi consultées démontrent que de nombreux employeurs, notamment de grandes sociétés, des startups, des universités et des cabinets d’avocats, ont sollicité des candidatures pour des stagiaires, des consultants, des ingénieurs, des scientifiques et des rédacticiens possédant des compétences en IA et en apprentissage automatique.

L’impact de l’IA sur l’embauche serait encore loin d’avoir atteint son apogée. Le site web de recherche d’emploi Indeed a découvert que l’IA générative était mentionnée dans 0,07% des offres d’emploi canadiennes à la fin novembre.

Cependant, 17% des offres d’emploi d’ingénieurs en apprentissage automatique en particulier, ce qu’Indeed appelle «le travail par excellence en IA», et 5% des emplois de scientifiques de données mentionnent l’IA générative.

Dans les offres pour les ingénieurs informaticiens et les développeurs généralistes, le terme apparaît de plus en plus, souligne Brendon Bernard, économiste principal chez Indeed.

«Je serais surpris si [la mention de l’IA générative dans les offres d’emploi] ne devient pas encore plus courante», a-t-il déclaré.

Alik Sokolov, cofondateur et directeur général de la société montréalaise d’IA pour la gestion de placements Responsibli, a constaté que de plus en plus d’entreprises se sont intéressées à l’IA au cours de la dernière année, ce qui influence certains des critères exigés par les entreprises lors de l’embauche.

«Je pense que les compétences prisées seront très différentes pour quelqu’un qui cherche un emploi en 2024 par rapport à, disons, pour moi qui ai commencé sa carrière vers 2013…», constate M. Sokolov.

«Rien qu’en regardant mon curriculum vitae lorsque j’ai été embauché chez Deloitte, je ne serais pas embauché chez Deloitte aujourd’hui ou chez Responsibli. La barre est plus haute.»

M. Sokolov et Mme Yang conviennent que les scientifiques de données ayant une expertise en IA sont plus en demande de nos jours, même si on s’attend à ce que les développeurs soient en mesure d’utiliser l’IA.

«Vous n’avez plus besoin d’être un spécialiste avec un doctorat, répond Mme Yang. Je pense qu’il y a cinq ans même, c’était une demande plus courante.

«Maintenant, vous voyez de plus en plus d’ingénieurs logiciels traditionnels créer des produits d’IA et cela est dû à la disponibilité d’outils de plus en plus performants.»

Rob Toews, associé de Radical Ventures, société de capital-risque axée sur l’IA, prédit que les experts de l’IA accéderont à la haute direction des grandes entreprises. D’autres croient que la profession de rédacticiens connaîtra un essor. Ces professionnels sont formés pour mettre des instructions dans les systèmes d’IA afin d’obtenir les réponses souhaitées et les plus efficaces.

M. Sokolov et Mme Yang conviennent que l’engouement pour les rédacticiens pourrait être de courte durée, car les travailleurs issus d’horizons très divers peuvent facilement apprendre à intégrer cette expertise dans leur travail avec un peu de formation ou d’expérimentation.

«Nous ne recherchons pas un rédacticien à temps plein, mais plutôt la rédactique est quelque chose qui est fait par presque tout le monde dans notre entreprise à des degrés divers», note M. Sokolov.

Une étude de Deloitte, réalisée en septembre, révèle que, lorsqu’on analyse les investissements en capital-risque par habitant dans l’IA, le Canada se classe au troisième rang parmi les pays du G7, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni.

Sur cinq ans, le Canada a également enregistré le taux de croissance moyen le plus élevé de tous les pays du G7 en ce qui a trait à la concentration de talents en IA entre 2017 et l’année dernière, indique le rapport.

Toutefois, Mme Yang raconte qu’elle a récemment vu certains des meilleurs scientifiques de données quitter le Canada pour les États-Unis.

«Il y a simplement plus d’argent, plus d’occasions, donc nous assistons à une fuite des cerveaux des talents en IA», déplore-t-elle, soulignant qu’Amazon et d’autres grandes entreprises technologiques peuvent payer 500 000$ par année pour recruter les meilleurs scientifiques de données en IA.

«Il faut que les grandes entreprises [au Canada] aient les moyens de recruter des talents lorsque la demande est forte.»

Tara Deschamps, La Presse Canadienne

 

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