Des millions pour l'agriculture nordique

Publié le 12/11/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:49

Des millions pour l'agriculture nordique

Publié le 12/11/2011 à 00:00, mis à jour le 07/02/2012 à 10:49

Par Suzanne Dansereau

Le Nord du Québec pourrait-il nourrir le Sud ? L'idée n'est pas farfelue. En raison du réchauffement de la planète, elle fait son chemin. C'est pourquoi le Plan Nord prévoit 2,65 millions de dollars pour soutenir des initiatives bioalimentaires sur son territoire au cours de ses cinq premières années. Certaines ont peut-être déjà abouti dans votre assiette.

À l'ombre des arbres de la forêt boréale du Québec, pousse un champignon rare, savoureux, recherché pour sa chair fibreuse et parfumée : le matsutake, un vrai régal pour les amateurs, surtout les Japonais. Cette année, la première commercialisation a eu lieu, grâce à un projet pilote réalisé au sein de la nation crie.

Quelque 500 kilos de matsutakes frais de la baie James ont été vendus, au prix de 55 $ le kilo, à des commerçants de Montréal, indique Anthony Avoine-Giguère, président d'Amyco, une entreprise du Saguenay spécialisée dans la cueillette et la distribution de champignons sauvages.

Amyco travaille avec le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), le centre de développement de bioproduits Biopterre, établi à La Pocatière, et le distributeur Gourmet Sauvage, de Sainte-Adèle, à bâtir cette industrie naissante. Ils ont commencé à enseigner aux Cris la cueillette du champignon (qui ne fait pas partie de leur culture) et à prospecter le marché au Japon, où l'exportation est envisagée sous forme surgelée.

«Le matsutake du Québec est de meilleure qualité que celui que l'on achète dans l'Ouest canadien», estime M. Avoine-Giguère. Depuis l'an dernier, deux délégations de mycologues japonais ont visité le projet. Un représentant de Biopterre reviendra sous peu d'une mission en terre nippone. Jusqu'à maintenant, 50 000 kilos de matsutakes ont été repérés sur 30 000 hectares dans la baie James, grâce à un outil de géolocalisation développé par Biopterre. Mais le potentiel est dix fois plus grand, d'après M. Avoine-Giguère.

Une enveloppe de 400 000 $

Avec les plantes médicinales, le matsutake fait partie des «produits forestiers non ligneux», une des cinq priorités d'investissement dans le cadre du Plan Nord. Ce volet recevra une enveloppe de 400 000 $ du MAPAQ. Parmi les autres se trouvent les fruits nordiques (1,3 million de dollars) et la serriculture (800 000 dollars).

À Chapais, ville voisine de Chibougamau, la Corporation de développement économique planche sur la création de 15 à 20 hectares de serres commerciales. La Corporation achèterait l'eau et la chaleur de la centrale thermique Chapais Énergie et les revendrait à des exploitants de serres qui les utiliseraient pour chauffer leurs installations à un coût énergétique deux fois moins élevé que dans le Sud, indique Laurent Levasseur, président de la corporation. Des pourparlers sont en cours avec trois producteurs, précise M. Levasseur. Reste toutefois à vérifier la rentabilité du projet.

Et il y a un hic : Chapais Énergie vend son électricité à Hydro-Québec, et il faudra attendre 2015, date d'échéance de leur contrat, pour en connaître les conditions de renouvellement et signer avec un promoteur.

Chapais Énergie est également engagée avec des communautés cries et des Inuits dans un nouveau réseau de serres communautaires dans le Nord.

Les patates de M. Boucher

En attendant les serres, un entrepreneur de Chapais, Normand Boucher, s'est associé avec la ferme Lunick, au Témiscamingue, pour produire des pommes de terre de semences. Leur avantage est qu'elles sont exemptes de parasites. «Nos terres sont vierges !» dit M. Boucher, président de Produits Maraîchers 2009. Il a mis en production près de 90 hectares et livré sa première récolte en octobre 2011. En 2012, sa production devrait doubler.

«L'agriculture nordique peut contribuer à nourrir le Québec, pense Yvon Forest, directeur adjoint et responsable du Plan Nord au MAPAQ. Sa contribution sera certes modeste, mais valable. Et elle permettra aux communautés du Nord de devenir elles aussi des locavores - des gens qui mangent local.»

1,5

Nombre d'hectares, en million, de terres arables sur le territoire du Plan Nord. À titre de comparaison, tout le territoire actuellement cultivé au Québec est de 2 millions d'hectares. Source : MAPAQ

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