Ils se battent pour le Québec

Publié le 28/05/2012 à 10:02, mis à jour le 06/06/2012 à 13:47

Ils se battent pour le Québec

Publié le 28/05/2012 à 10:02, mis à jour le 06/06/2012 à 13:47

L'économie des filiales

En fait, les 1 500 filiales québécoises d'entreprises étrangères participent à 40 % aux efforts en R-D industrielle, et elles contribuent à plus de 30 % à nos exportations. Et bien qu'elles représentent seulement 13 % des emplois au Québec, elles sont en général plus productives, elles rémunèrent mieux leurs salariés, elles sont plus susceptibles de faire de la R-D et d'utiliser des technologies de pointe, et créent plus de valeur par heure travaillée.

Tout cela, pourvu qu'elles restent ! Et pour ce faire, les patrons de filiales ont de l'aide. Chez Investissement Québec, une douzaine de démarcheurs font le tour des sièges sociaux pour les inciter à réinvestir dans leurs filiales québécoises. «Le but est d'aller chercher de l'information et de déceler les projets d'expansion pour pouvoir positionner les usines québécoises dans ces stratégies», dit Louise Morin.

Vendre le Québec est aussi le travail quotidien de Jacques Saint-Laurent, qui connaît bien le défi des patrons de filiales, puisqu'il a lui-même été président de Bell Helicopter Textron de 2002 à 2008.

«Un argument très fort dont nous nous sommes servis pour attirer des projets de R-D, c'était les alliances que nous formions avec d'autres filiales et des instituts de recherche. Ces recherches collaboratives permettent d'épargner des coûts et augmentent les résultats de la recherche», dit-il.

Ainsi, les consortiums comme le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), ou encore le nouveau Centre d'excellence mondial en assemblage de puces électroniques et des microsystèmes électromécaniques, créé par l'Université de Sherbrooke, par Dalsa et par IBM Bromont, donneront une fois de plus à Raymond Leduc et à son équipe l'occasion de rayonner auprès de la maison mère.

Plus une filiale a d'attaches dans son milieu (partenariats avec les fournisseurs, les instituts de recherche, les organismes d'aide), plus il sera difficile de la délocaliser, souligne Louise Morin.

«Les filiales doivent montrer qu'elles font parler d'elles dans la collectivité. Vous pouvez être sûre que l'article que vous écrivez sera traduit et envoyé aux sièges sociaux !» ajoute Louise Morin.

Richard Voyer de Soprema, lui, n'aura pas besoin de traduire cet article, puisque son grand patron est en France. Son entreprise construit des matériaux d'étanchéité pour les toitures. La langue pour lui est un atout pour se faire valoir par rapport aux autres usines nord-américaines de Soprema installées à Vancouver, en Ohio et au Mississippi.

«Nous sommes loin, alors le fait que le patron perçoive le rayonnement de notre organisation nous donne une longueur d'avance. Il se dit, cette équipe-là va bien, nous pouvons dormir en paix», dit Richard Voyer.

Au-delà de l'avantage de la langue, cet homme a gagné ses galons dans l'organisation, à tel point qu'il dirige maintenant l'ensemble des activités canadiennes et américaines du groupe. «Il faut de l'audace et une grande confiance en soi, parce que parfois, nous prenons des décisions qui vont à l'encontre de ce que croit le siège social», dit Richard Voyer. Cette audace lui a valu en 2009 un projet de 11 millions de dollars destinés à doubler la superficie de son usine en y implantant de nouvelles techniques de production.

Son prochain grand coup ? Rien de moins que convaincre le président de venir s'installer au Québec avec sa famille et de déménager au Québec le siège social mondial de l'entreprise, situé actuellement à Strasbourg ! «J'en parle depuis cinq ans. Au début, on me prenait pour un fou, mais ça commence à être plus sérieux... Un des enfants de mon patron pourrait venir étudier au Québec d'ici deux ans, et lui-même viendra passer quelques mois l'an prochain», dit Richard Voyer, qui travaille aussi à convaincre la conjointe du PDG.

Ambitieux ? Il le faut, dit Richard Voyer. «On va devoir prendre plus de risques au Québec, dit-il. Pour bien se vendre, il faudra régler nos idées noires, combattre le cynisme, aller de l'avant et se permettre aussi de rêver. Des fois, on oublie ça...»

1 500 filiales québécoises d'entreprises étrangères participent à 40 % aux efforts en R-D industrielle, et elles contribuent à plus de 30 % de nos exportations.

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