Bourse : où voyons-nous les occasions?


Édition du 27 Février 2016

Bourse : où voyons-nous les occasions?


Édition du 27 Février 2016

Par Philippe Leblanc

[Photo : Shutterstock]

Le début de 2016 n'a pas été facile pour les investisseurs. À la mi-février, l'indice S&P/TSX accusait une perte de 4,8 % sur le début de l'année. Aux États-Unis, la baisse était encore plus accentuée : l'indice S&P 500 perdait 8,8 % de sa valeur depuis le 1er janvier, tandis que le Nasdaq chutait de 13,4 %. Les choses de sont un peu replacées depuis, mais on sent que le marché est fragile.

À ce jour en 2016, seulement deux des dix secteurs de l'indice S&P/TSX sont en hausse, soit les matériaux (+ 11,0 %) et les services de télécommunications (+ 5,1 %). Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que la hausse du secteur des matériaux est essentiellement liée à l'augmentation des sous-secteurs des métaux précieux : l'or (+ 36,1 %) et l'argent (+ 25,2 %). De toute évidence, les investisseurs ont peur et se réfugient dans les secteurs les plus défensifs.

Il faut avouer que le portrait mondial économique et géopolitique est plutôt sombre, en plus d'être flou. Selon une perspective économique, la croissance en Chine ralentit ostensiblement depuis plusieurs mois. L'Europe est toujours aux prises avec une pression déflationniste dans un contexte où la croissance est anémique. En Amérique, le Canada souffre de la chute du prix des matières premières, tandis que les États-Unis se portent relativement bien, sans toutefois enregistrer une forte croissance. Selon une perspective géopolitique, le contexte est également peu reluisant avec la situation en Syrie qui semble s'envenimer chaque semaine. Les élections présidentielles américaines ajoutent à l'incertitude. Bref, il n'y a rien pour encourager les investisseurs à acheter des actions en Bourse !

Il est facile de se laisser influencer par les nouvelles économiques et géopolitiques. S'il se fiait uniquement au ton des manchettes économiques, un investisseur n'investirait presque jamais ou alors seulement aux pires moments ! Pourtant, les meilleures occasions se présentent justement lorsque les conditions sont les plus difficiles. Comme l'a dit Warren Buffett, «vous payez un prix très élevé dans le marché boursier pour obtenir un consensus optimiste». En revanche, un consensus pessimiste crée des occasions, mais encore faut-il avoir une vision à long terme.

Regardez au Canada

Nous croyons que les plus belles occasions se cachent probablement au Canada ! La chute marquée du dollar canadien par rapport au dollar américain est un premier élément à prendre en considération. Aux alentours de 0,72 $ US, le huard a perdu près de 30 % de sa valeur depuis 2012. De plus, la performance du marché boursier canadien a été inférieure à celle du marché américain : au cours des cinq dernières années, la valeur du S&P/TSX a dégringolé de 12,3 %, alors que le S&P 500 s'est apprécié de 39 % au cours de la même période. À notre avis, de nombreux investisseurs étrangers voient le marché canadien comme un marché de ressources naturelles. Ils y investissent quand le secteur des ressources est favorable ; ils sortent leurs billes de manière souvent inconsidérée lorsqu'il est en défaveur. Or, le secteur des ressources naturelles peut difficilement être plus en défaveur !

Cela dit, chez Cote 100, nous ne croyons pas que les ressources soient aptes à créer de la valeur pour leurs actionnaires à long terme. C'est pourquoi nous favorisons davantage les sociétés canadiennes qui sont indirectement liées aux secteurs des ressources naturelles, mais dont les titres ont, dans bien des cas, été emportés par leur chute.

Un exemple concret : Ritchie Brothers Auctioneers

Ritchie Brothers (NY, RBA, 22,67 $ US), une entreprise de Richmond en Colombie-Britannique, est le plus grand encanteur industriel du monde. La société vend plus d'équipements lourds que toute entreprise de son secteur, tant par l'intermédiaire de ses 44 sites d'encan que par Internet. En 2015, elle a vendu des équipements pour une valeur de 4,25 milliards de dollars américains.

Le titre de Ritchie Brothers a subi une correction au cours des derniers mois - il valait près de 30 $ US en août 2015 et vaut aujourd'hui près de 23 $ US, une baisse d'environ 25 %. Nous suivons le titre de Ritchie Brothers depuis de nombreuses années. Nous sommes attiré par son modèle d'entreprise et par sa position de leader dans son secteur, mais le titre a toujours commandé des ratios d'évaluation élevés. À notre avis, la correction de l'action est probablement associée aux craintes concernant la croissance économique mondiale et les conditions particulièrement difficiles dans l'Ouest canadien.

La société possède la plupart des qualités que nous recherchons dans une entreprise :

1. Des activités peu cycliques et très rentables. Pendant les périodes économiques difficiles, il y a davantage d'équipements à vendre et probablement moins d'acheteurs, alors que pendant les périodes de croissance, la demande est plus forte.

2. Une bonne santé financière. La société possède une encaisse nette de 235,4 millions de dollars, soit 2,20 $ US par action.

3. Un modèle d'entreprise attrayant. Les activités de Ritchie requièrent relativement peu de capital. En outre, le rendement de l'actif net moyen des 12 derniers mois atteint le niveau très élevé de 27 %.

4. Des barrières à l'entrée élevées. Parmi celles-ci, mentionnons l'effet réseau : plus grand acteur de son secteur, Ritchie offre un éventail d'équipements plus vaste et complet que ses concurrents. À l'instar d'eBay, plus il y a de clients qui achètent et vendent par l'intermédiaire de Ritchie, plus son réseau devient attirant pour les clients potentiels.

Enfin, l'évaluation du titre semble raisonnable, à environ 15,5 fois les bénéfices prévus (en tenant compte de l'encaisse nette).

Nous croyons que le titre de Ritchie Brothers illustre bien le sentiment de défaveur qui touche le marché boursier canadien. Pour l'investisseur à long terme, cela crée des occasions.

Philippe Le Blanc est président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion du patrimoine. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100. Les comptes gérés par COTE 100 possèdent des actions de Ritchie Brothers.

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