Voir plus loin que son nombril

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Mai 2016

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Édition du 07 Mai 2016

Comme moi, vous avez sans doute suivi étroitement le dossier des Panama Papers.

Alors que des dirigeants politiques, des célébrités et des milliardaires voient leurs activités dans les paradis fiscaux étalées au grand jour, les citoyens fulminent. Ce type de scandale n'est pas le premier ni le dernier. Au contraire, j'ai bien peur que les fuites de documents ne se multiplient au cours des prochaines années. Les Panama Papers ne sont que la pointe de l'iceberg. Il y aura toujours quelqu'un pour contourner les lois et exploiter les zones floues par intérêt personnel.

Oui, ces fraudes sont malheureuses, inquiétantes, enrageantes... Mais je me pose tout de même une question : comment avons-nous pu en arriver là en tant que société ? Est-il possible que nous portions une certaine part de responsabilité ?

Ces tours de passe-passe juridiques sont le reflet d'un manque d'éthique et de déontologie. C'est la victoire de l'individualisme sur le bien commun. Trop souvent, nous prenons des décisions en fonction de considérations personnelles, au lieu de mesurer quel sera l'impact collectif. Avec les années, j'ai pourtant constaté que ce qui n'a pas de sens pour la collectivité n'en aura pas plus pour l'individu. Quand il est au détriment du plus grand nombre, l'appât du gain ne sert personne. Un jour ou l'autre, il finira par se retourner contre nous-mêmes.

Quand on respecte un code de déontologie, quand on fait preuve d'éthique personnelle et professionnelle, on assure le bon fonctionnement du groupe, dans le respect et la reconnaissance de chacun. La transparence devient un automatisme.

Comment peut-on avoir une industrie vigoureuse et équitable si on met tout en oeuvre pour travailler dans le respect des lois, alors que notre voisin fait exactement le contraire ? Comment peut-on favoriser une culture de transparence si le flou juridique avantage les grandes entreprises au détriment des acteurs plus modestes ?

Il importe de fixer des règles claires qui s'appliquent à tous, quels que soient le territoire géographique, le secteur ou la taille. Il faut en finir avec le deux poids, deux mesures. Ayons le courage de se mobiliser pour changer les choses et exiger une plus grande équité.

Quand les apparences entravent la transparence

Nous vivons dans une société d'image. Plus que jamais, nous trafiquons, embellissons, déguisons au nom du bien paraître, une tendance accentuée par les réseaux sociaux. Pourquoi sommes-nous incapables de plus de transparence ?

Peut-être est-ce une question d'orgueil mal placé. Peut-être aussi essayons-nous de protéger un possible gain personnel. Quand nous avons un objectif non avoué, quand nous avons des intentions plus ou moins nobles, il faut souvent falsifier la réalité pour arriver à nos fins. Cette obsession du moi gangrène notre société.

Bien sûr, il serait utopique de viser une transparence totale et absolue. L'humain reste imparfait et complexe. J'ose toutefois espérer que les choses finiront par s'améliorer. À force de dénoncer les enveloppes brunes et la corruption au sein de nos institutions, à force de décrier le fossé qui se creuse entre les plus pauvres et les plus riches, à force d'exiger une plus grande éthique, peut-être observerons-nous une transparence accrue, que ce soit entre les individus, entre les entreprises et leurs clients ou entre le gouvernement et ses citoyens.

Redonner à la communauté

Nous ne vivons pas sous le communisme ou le communautarisme. Travailler fort pour s'enrichir est parfaitement légitime, mais il importe de redonner à la collectivité, que ce soit en créant des emplois, en posant des gestes philanthropiques, en devenant mécène. C'est un devoir moral, mais aussi une suite logique. Quand nous appauvrissons notre environnement, nous nous appauvrissons aussi comme individu. Personne n'évolue en vases clos !

Prenons le cas de Hershey, une ville de Pennsylvanie. Fort de sa conscience collective, Milton S. Hershey a non seulement choisi de créer des emplois en fondant une usine de chocolat, mais il a aussi mis sur pied une communauté modèle pour assurer le bien-être de ses employés, au début du 20e siècle. Maisons confortables vendues à des conditions avantageuses, rues bordées de beaux arbres matures, réverbères en forme de chocolats Kisses, réseau de tramway accessible pour faciliter les transports vers l'usine, écoles publiques de qualité, parc d'attractions... Rien n'était trop pour ce philanthrope, qui a fondé une école pour les orphelins et les enfants défavorisés.

Chacun peut faire sa part pour favoriser une société plus juste et transparente. Comment ? En payant ses taxes, en misant sur les achats locaux, en privilégiant les marques écologiques, en refusant de traiter avec des entreprises qui prennent des raccourcis ou qui adoptent des pratiques douteuses...

La bonne nouvelle qui alimente tous les espoirs ? Je constate une grande conscientisation chez nos jeunes. Ils souhaitent changer ce monde dans lequel ils croient. Ils parlent d'environnement, de justice sociale et de respect de l'autre. Ils sont disposés à tenir des débats. Si les entrepreneurs pouvaient rejoindre ce mouvement, peut-être pourrions-nous ouvrir la voie aux autres entreprises et ainsi entraîner un changement positif ?

Je me permets de conclure par cette citation bouddhiste : «Le plus grand gain est de donner aux autres, la plus grande perte est de recevoir sans gratitude». Une piste de réflexion intéressante pour renouer avec notre conscience collective !

 

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l'oeil du dragon, diffusée à Radio-Canada.

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