Les États américains nuisent à la reprise

Publié le 11/05/2010 à 11:46

Les États américains nuisent à la reprise

Publié le 11/05/2010 à 11:46

Par Olivier Schmouker

La Californie de Schwarzenegger est très affectée par la crise. Photo : Bloomberg.

L’économie américaine se redresse depuis plusieurs mois, et ce en grande partie grâce au plan de relance de l’administration Obama. Et pourtant, un frein empêche un vrai redémarrage. Lequel? Les États américains, selon une étude de Desjardins.

Ainsi, le plan de relance du gouvernement fédéral américain s’élève à 787 milliards de dollars américains sur 10 ans, selon le Congressional Budget Office. Sur l’ensemble de 2009, ce plan a procuré, au minimum, une contribution d’un point de pourcentage à la variation du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis.

Pourtant, les comptes nationaux américains indiquent que les dépenses publiques exprimées en termes réels n’ont augmenté que de 1,8%. Comment expliquer ce mystère? Par le fait que le gouvernement fédéral n’est pas le seul gouvernement aux Etats-Unis. En tout, il y a près de 90 000 gouvernements chez nos voisins du Sud, qui constituent l’ensemble de l’administration publique américaine!

Cette situation fait que l’on assiste à l’exercice de deux forces contradictoires. Alors que le gouvernement fédéral multiplie les efforts de relance tout en gonflant son endettement, la crise financière a obligé les États et les autorités locales à se serrer la ceinture. Pourquoi cela? Tout simplement parce que les États américains, hormis le Vermont, n’ont pas le droit légal de faire de déficit. Il leur faut balancer les dépenses courantes et les revenus. Si les États peuvent emprunter, ce n’est que pour des projets d’immobilisation.

À cause de la bulle immobilière

Comme la principale source de la récession a été l’éclatement de la bulle immobilière, la crise a eu des incidences locales majeures. Les revenus des États et de localités provenant beaucoup de la valeur des propriétés – par le biais des taxes et des gains sur capitaux -, ils ont clairement pâti de la chute moyenne de 33% de la valeur des maisons existantes entre 2006 et 2009 (indice S&P/Case-Schiller). Les prix ont même dégringolé de 50% à certains endroits – Californie, Nevada, Floride, etc. -, si bien qu’il ne faut pas s’étonner que ceux-ci connaissent les plus grandes difficultés budgétaires.

Du coup, les revenus des États issus de la taxation ont été amputés de 87 milliards de dollars américains entre octobre 2008 et septembre 2009, selon le Center on Budget and Policy Priorities. C’est la plus forte chute jamais enregistrée sur ce plan.

Quant aux dépenses, elles se sont inévitablement accrues, en grande partie en raison des dépenses sociales obligatoires. Un exemple éloquent : le programme Medicaid, qui fournit un financement des soins médicaux aux personnes à très faible revenu et qui représente quelque 20% des dépenses totales de États ; la demande accrue depuis la récession a fait croître l’an dernier de 7,8% les dépenses allouées à ce programme.

Des mesures spécifiques draconiennes

La première réaction des États américains a consisté à piocher dans leurs réserves accumulées les années précédentes. En 2006, celles-ci étaient globalement évaluées à 69 milliards de dollars américains, et en 2009, à 32 milliards…

De surcroît, 33 États ont adopté des mesures budgétaires restrictives, ce qui leur aurait apporté l’an dernier quelque 31,7 milliards de dollars américains, selon le Center. Quelles mesures? La palette est immense. Certains ont légiféré pour augmenter les impôts sur le revenu, d’autres ont élargi la base fiscale en éliminant certaines déductions, d’autres encore ont crû les taux de la taxe de vente (surtout sur le tabac et l’alcool), etc. Mais toutes ces mesures d’augmentation de la taxation n’auraient contrebalancé que 36% de la chute estimée des entrées fiscales.

Alors des États se sont mis à réduire aussi leurs dépenses. En fait, 43 d’entre eux l’ont fait en 2009, alors qu’ils n’avaient été que 3 à le faire en 2007. Leurs dépenses totales ont ainsi été diminuées l’an dernier de 31,3 milliards de dollars américains, selon la National Association of State Budget Officers. Et il semble que ce ne soit qu’un début : les prévisions pour 2010 avancent le chiffre de 55,7 milliards.

Où les États ont-ils coupé? Partout où ils le pouvaient : 29 États ont réduit les dépenses en santé publique, 39 États en éducation postsecondaire (la Californie a notamment crû de 32% le sfrais universitaires), 24 États dans l’aide aux personnes âgées ou handicapées, etc.

La fonction publique a aussi été touchée : 42 États ont éliminé des postes au sein de l’administration. L’une des mesures les plus fréquentes a consisté à imposer des congés non payés.

Une pente longue à remonter

Selon les comptes nationaux, les dépenses réelles du gouvernement fédéral américain, incluant les investissements, ont augmenté de 8,9% entre la mi-2008 et l’hiver 2010. Et celles des États et localités ont reculé de 1,6%. «Le hic, c’est que les dépenses réelles des États et localités ont un poids une fois et demi plus élevé que les dépenses fédérales», souligne Francis Généreux, économiste principal, de Desjardins Études économiques.

«La pente sera encore longue à remonter, même si les rentrées fiscales commencent à montrer certains signes d’amélioration au cours des derniers mois. Le ménage sera donc long à faire…», ajoute-t-il, en guise de prévision pour les mois à venir.

Plus : consultez l’étude de Desjardins (PDF)

 

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