Le verdict des prévisions 2015: «j'avais raison, ils ont eu tort»

Publié le 23/12/2015 à 11:22

Le verdict des prévisions 2015: «j'avais raison, ils ont eu tort»

Publié le 23/12/2015 à 11:22

Par Stéphane Rolland

RÉTROSPECTIVE 2015. L’heure n’est pas à la modestie. Un an plus tard, je peux l’écrire en toutes lettres. «Je l’avais prédit!» Eh oui, je vous l’avais dit. La majorité (50% +1) des prévisions 2015 des journalistes de Les Affaires ne se sont pas concrétisées. En tout respect pour mes brillants collègues, j’ai eu raison; ils ont eu tort.

Lorsque nos enthousiastes confrères proposèrent de revêtir l’habit de prévisionnistes l’an dernier, disons que je me trouvais davantage dans la peau du Grincheux. Comme ce trouble-fête verdâtre dont la méchanceté éclipse un cœur tendre, mon manque d’enthousiasme masquait, en toute sincérité, une vulnérabilité inavouable. Serais-je capable de faire une prévision exacte? Le doute m’assaillit. Heureusement, des recherches me permirent de constater que j’étais tout ce qu’il y a plus de normal, merci docteur.

C’est alors que m’est venue la machiavélique idée de parier contre mes semblables. Je viens du cahier «Investir», vous savez. Dans mon univers, on appelle ça faire de la vente à découvert. Parenthèse, «Investir» est la meilleure section de l’excellent journal Les Affaires. Rappelez-vous qu’un abonnement est un beau cadeau de Noël qui convient à toutes personnes qui sachent lire. Fin de la parenthèse.

Dans les grandes lignes, ma thèse était que tout un chacun a la fâcheuse manie de surestimer ses aptitudes à prédire l’avenir, même vous. Les psychologues nomment ce phénomène le biais rétrospectif. Les recherches de Philip Tetlock, un professeur de psychologie et de gestion de l’Université de Pennsylvanie, ont démontré que les plus éminents experts se faisaient battre par le hasard aux jeux des prévisions. Bref, aussi bien tirer à pile ou face. Je vous invite à lire mon précédent texte pour en savoir plus.

Un an plus tard, le rendement sur ma vente à découvert a excédé les attentes. Cinq collègues se sont prêtés au jeu. Un seul a eu raison, si la tendance se maintient. Trois ont fait une prévision qui ne s’est pas concrétisée. Un autre a fait une prévision invérifiable (ça, on ne l’avait pas vu venir).

Qu’ont-ils dit?

François Normand, spécialiste des questions internationales et du secteur énergétique, a décrété la fin de la croissance à 7% en Chine. Jusqu’à maintenant, c’est réussi. On le saura l’an prochain, hors de tout doute, dès la publication des données du quatrième trimestre. Quoique le doute soit permis, affirment certains économistes qui croient que les chiffres officiels sont «embellis». Mais ça, c’est une autre histoire qui va dans le sens de la thèse de M. Normand. Depuis le début de l’année, l’économie chinoise décélère. D’un rythme de 7,3% en 2014, on est passé de 7% au premier et deuxième trimestre et à 6,9% au troisième.

Maintenant la proposition qui a créé le plus de vagues, Julien Brault, notre spécialiste des technos et des entreprises en démarrage, a prédit la fin du modèle d’affaires de La Presse +, rien de moins. Et bien, ce n’est pas encore arrivé cette année. M. Brault nous a indiqué qu’il croyait toujours en la pertinence de sa thèse. L’offre d’espace publicitaire numérique explose avec les Facebook, Google et compagnie. Dans ce contexte, un média pourrait difficilement s’alimenter uniquement de revenus publicitaires. L’abandon du papier en semaine à partir de janvier sera un test pour le quotidien de la rue Saint-Jacques et pour la prévision de notre collègue.

Marie-Claude Morin, directrice des contenus et des projets spéciaux, a prédit qu’«un Séraphin naîtrait en chacun de nous». Force est de constater que le «viande à chien» n’a pas résonné dans les chaumières canadiennes cette année. En fait, l’endettement des ménages a franchi un nouveau record au deuxième trimestre à 164,6% des revenus disponibles, selon Statistique Canada. L’immobilier n’est pas le seul responsable. La dette de crédit à la consommation a augmenté de 2,7% au Canada en octobre par rapport à la même période l’an dernier, selon des données de la Banque RBC. Ça progresse moins vite, mais ça progresse. «J’ai peut-être fait de mon souhait, une prévision», concède notre collègue.

L’ex-journaliste Valérie Lesage, qui est partie relever d’autres défis professionnels auprès des entrepreneurs, a prédit qu’il y aurait un nombre record de faillites dans le commerce de détail. En effet, le portrait a été tout sauf rose. Les difficultés de Laura, Bovet et bien d’autres enseignes en témoignent. Toutefois, nous ne sommes pas dans le «jamais vu». Depuis un an, soit entre le 1er octobre 2014 et le 30 septembre 2015, le nombre de faillites dans le commerce de détail a reculé de 3,3% par rapport à l’année précédente, selon les données du Bureau du surintendant des faillites du Canada.

Finalement, parlons de l’imprévu qui aurait pu exacerber les tensions sociales au bureau dans une joute plus serrée. Olivier Schmouker, notre spécialiste du management et de l’inspiration, a prédit que nous «chéririons nos faiblesses en 2015». Plus précisément, il expliquait que le monde du travail est en constante mutation. Nous devons ainsi embrasser nos faiblesses afin de les corriger. S’adapter pour survivre. Heureusement, j’ai déjà atteint mon objectif d’une majorité d’erreurs. Je n’ai pas besoin de trancher sur ce principe universel. Bouddha a bien dit: « Il n'existe rien de constant si ce n'est le changement ». L’industrie du taxi, ébranlée par l’arrivée d’Uber, est un bel exemple des sages conseils de M. Schmoucker.

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