Le ministre saoudien se veut rassurant. Photo : Bloomberg.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a déclaré qu’elle était prête à accroître sa production, «si jamais une pénurie devait intervenir sur le marché mondial». Elle entend ainsi atténuer les inquiétudes des investisseurs, qui ne savent pas quand et comment vont s’éteindre les mouvements de révolte populaire au Moyen-Orient, et en particulier en Libye, le quatrième producteur mondial d’or noir.
«Il n'y a pas de pénurie en ce moment sur le marché, mais s'il y a avait une diminution de l'offre, en raison de perturbations dans des pays producteurs, les pays de l'Opep, comme l'Arabie saoudite, accroîtront leur production«, a assuré Ali al-Nouaimi, le ministre saoudien du Pétrole, lors d'une conférence de presse tenue à Ryad.
Les ministres du Pétrole du Koweït et des Emirats arabes unis avaient, un peu plus tôt dans la journée, souligné qu'ils jugeaient le marché mondial «très bien approvisionné» pour l’instant.
«L'offre et la demande sont à pied d'égalité, les capacités de productions excédentaires sont importantes, et la volatilité que nous voyons résulte de troubles temporaires», a insisté le ministre saoudien.
C'est que l'inquiétude est à son comble : dès l'ouverture, le baril de pétrole brut gagnait 8% à Wall Street. En fin de matinée, il était toujours en hausse, de 6%, à près de 95 dollars américains, soit un plus haut niveau depuis deux ans.
La Libye touchée de plein fouet
En dépit de ces déclarations, la production de pétrole commence déjà à diminuer en Libye. Celle-ci est évaluée – en temps normal – entre 1,5 et 1,8 million de barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Ainsi, le groupe espagnol Repsol a suspendu sa production de pétrole en Libye. En 2009, la production nette de Repsol était de 34 777 barils de pétrole par jour en Libye. La pétrolière ne disposait dans l'immédiat que de chiffres de productions nets, correspondant à la part qu'il perçoit sur l'exploitation de ses puits. Elle n'était pas en mesure de donner le chiffre total de la production paralysée par sa décision d'arrêter l'exploitation, qui dépend du taux d'imposition prélevé par la Libye.
De surcroît, le groupe italien ENI a averti qu'il y avait «un ralentissement du flux» dans le gazoduc Greenstream à travers lequel il importe du gaz libyen. Le niveau de ce ralentissement n’a toutefois pas été divulgué.
La Libye, membre de l'Opep, est l'un des quatre principaux producteurs d'Afrique avec le Nigeria, l'Angola et l'Algérie. Elle compte les plus grosses réserves de pétrole en Afrique, avec 44 milliards de barils. Tripoli est un important fournisseur des pays européens, avec plus de 400 000 barils exportés quotidiennement vers l'Italie, 178 000 vers l'Allemagne, 133 000 vers la France et 115 000 vers l'Espagne, d'après des statistiques de 2009.
Avec Reuters.
