Exclusif - Le pari audacieux de Laura Secord

Publié le 29/03/2013 à 16:18, mis à jour le 29/03/2013 à 16:32

Exclusif - Le pari audacieux de Laura Secord

Publié le 29/03/2013 à 16:18, mis à jour le 29/03/2013 à 16:32

Par Marie-Eve Fournier

Duel avec les plus gros d'Amérique

L'octroi en vertu d'une licence du nom LauraSecord à d'autres fabricants alimentaires (gâteaux congelés, confitures, etc.) fait partie de ces «lignes d'affaires» - des sources de revenus, en d'autres mots. Les consommateurs pourront bientôt se procurer un lait au chocolat produit par Nutrior au Saguenay, du chocolat à fondue LauraSecord vendu sous la marque Canton et des produits de soins aromatisés au chocolat produits par Les Soins Corporels l'Herbier.

Les installations «ultramodernes» de Nutriart, à Québec, fabriquent aussi du chocolat et d'autres aliments en gros (purée de fruit, caramel et yogourt d'enrobage) qui sont vendus à des chocolateries et à Biscuits Leclerc, son plus important client. C'est là qu'étaient fabriquées, par exemple, les barres de chocolat équitables Équita avant que la marque d'Oxfam-Québec ne déclare faillite l'an dernier. Les revenus proviennent surtout du Canada, mais aussi des États-Unis (proportion confidentielle), où il expédie déjà «presque chaque jour» à ses quelques clients. Le potentiel y est énorme, mais il prend soin de respecter sa capacité de production.

Dans ce créneau de la vente de chocolat en gros, Jean Leclerc ne compte qu'un seul concurrent direct au pays, mais c'en est un de taille : nul autre que le plus grand fabricant de chocolat en Amérique, l'usine Barry Callebaut de Saint-Hyacinthe. Ce duel inégal ne l'intimide pas. «Nous sommes seulement deux au Canada à faire du chocolat à partir de la fève. Il est le plus gros, je suis le plus petit. Mais je n'ai pas de complexe.»

L'usine du parc industriel Cardinal, à Québec, fabrique par ailleurs des produits de marques maison pour des détaillants et des aliments finis pour d'autres fabricants (co-packing), dont il préfère taire l'identité.

LauraSecord chez Target ?

Plutôt que d'envisager d'autres acquisitions pour faire croître ses entreprises, Jean Leclerc préfère travailler d'arrache-pied pour obtenir d'autres contrats de fabrication qui feront rouler à plein régime ses installations. Il confie être en discussion avec Target pour la fabrication de ses marques privées et pour y vendre la gamme de produits LauraSecord.

Il souhaite par ailleurs vendre un plus large éventail de produits LauraSecord aux supermarchés, un réseau de distribution que ses prédécesseurs avaient négligé, dit-il, au profit des pharmacies, surtout Jean Coutu. S'il n'envisage pas de leur vendre de crème glacée, ses nouvelles tisanes (lancées en décembre) et son chocolat pour la cuisson (des barres et des pépites introduites en novembre) font partie de la liste de produits qu'il espère distribuer à plus grande échelle.

«Notre plus grand défi est que nos six lignes d'affaires se développent et progressent. C'est toujours inégal. Si c'est plus difficile dans le détail, on se reprend dans l'industriel, mais ce n'est pas facile d'avoir un oeil partout.» Et, puisque la nostalgie ne peut suffire à attirer les foules, il faut rester au goût du jour, suivre les tendances et les modes, ce qui explique l'introduction de chocolat noir à forte teneur en cacao (70 %) et de chocolat sans arachide.

UNE HISTOIRE PONCTUÉE DE NOMBREUX PROPRIÉTAIRES

1913 Ouverture de la première chocolaterie LauraSecord sur Yonge Street, à Toronto, par Frank P. O'Connor

1969 Ault Foods Limited (division de John Labatt Limited) de London, en Ontario, achète l'entreprise.

1974 Labatt vend ses parts à sa filiale Catelli (fabricant de pâtes alimentaires de Montréal).

1983 Rowntree Mackintosh Corporation, d'Angleterre (achetée en 1988 par Nestlé)

1999 Nestlé vend LauraSecord à Archibald Candy.

2004 Gordon Brothers Group, EG Capital Group, le Fonds de solidarité FTQ

Février 2010 Jean et Jacques Leclerc, de Québec

Sources : site Internet de LauraSecord, Canadian Corporate Report (McGill Digital Archives), archives de la bibliothèque de l'Université du Manitoba, The Gazette (21 décembre 1974), thecanadianencyclopedia.com

 

LAURASECORD EN CHIFFRES

 

100 M$ Ventes annuelles

113 Magasins (100 % d'entreprise), par rapport à 128 il y a trois ans

2 000 à 2 500 Points de vente (pharmacies, fleuristes, boutiques de cadeaux, magasins généraux, confiseries), selon les saisons, d'un océan à l'autre

7 Provinces (de l'Alberta aux Maritimes)

1 000 Employés

1 Usine dans le quartier Vanier, à Québec (60 employés) 

Bureau administratif à Mississauga (20 employés)

 

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