Sleep Country: le cauchemar de Sears Canada fait-il trop rêver?

Publié le 30/06/2017 à 10:00

Sleep Country: le cauchemar de Sears Canada fait-il trop rêver?

Publié le 30/06/2017 à 10:00

Par Dominique Beauchamp

Le matelas pliable Bloom de Sleep Country

Le détaillant de matelas Sleep Country ne peut que profiter de la déconfiture de son rival Sears Canada mais la performance de la société de Vancouver repose surtout sur ses propres initiatives.

Sleep Country(ZZZ,41,52$), qui vient d’ouvrir son 52e magasin Dormez-vous au Québec à Terrebonne, est déjà le numéro un avec le quart du marché du matelas, ouvre de nouveaux magasins, en rénove d’autres et vient de lancer sa propre plateforme de commerce électronique.

Les ventes de ses magasins ouverts depuis plus d’un an augmentent déjà de 8 à 13% depuis douze trimestres.

Martin Landry, de GMP Valeurs mobilières, évalue que si Sleep Country s’appropriait la moitié de la part du marché du matelas de 10% dont bénéficie Sears Canada, son bénéfice pourrait se gonfler de 15 à 20%, mais l’analyste n’a pas haussé le cours cible de 40$ établi en mai.

En fonction de ventes de 100 à 150M$ de matelas chez Sears Canada(SCC,0,62$), Stephen MacLeod, de BMO Marchés des capitaux, estime l’ajout au bénéfice à 0,15 à 0,23$, dans l’éventualité où Sleep Country s’emparerait de la moitié de ces ventes. Son cours cible reste à 42$.

Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, avait estimé que la déconfiture de Sears Canada, qui ferme le quart de ses 255 établissements au pays, pourrait déplacer des ventes de l’ordre de 48 millions de dollars chez Sleep Country, soit 12% de plus que les revenus de 2016.

Lui non plus n’a pas relevé son cours cible de 45$ à l’annonce que Sears Canada se place sous la protection de la loi de la faillite. Il est un peu trop tôt à son avis pour établir si d’éventuelles ventes de liquidation chez Sears nuiront aux marges de tous les détaillants de matelas.

Quant à Patricia Baker, de Banque Scotia, il lui paraît si évident que le fiasco de Sears Canada ajoutera aux parts de marché de Sleep Country qu’elle n’a pas émis de note officielle.

L’analyste prévoit peu d’impact de soldes potentielles puisque Sleep Country tient très peu de stocks.

Généreuse évaluation à mériter

Tous les analystes s’entendent pour dire que le détaillant de matelas, dont l’action a presque triplé depuis son retour en Bourse en juillet 2015, mérite sa généreuse évaluation.

«Le multiple est d’à peine 1% de plus son plus proche comparable en Bourse, Select Comfort(SCSS,32,22$), alors que le détaillant canadien croît plus vite et domine davantage son marché», écrit Mme Baker.

Elle compare le profil de Sleep Country à celui Dollarama(DOL,126,86$) pour sa stratégie de croissance interne et son exécution diligente.

Même raisonnement de la part de Mark Petrie, de CIBC Marchés mondiaux, qui fait valoir qu’un multiple entre celui de Dollarama et ceux des détaillants à forte croissance Aritzia(ATZ,15,10$) et Canada Goose(GOOS,28,24$) se justifie.

Le détaillant de matelas prévoit ouvrir de 8 à 12 magasins et en rénover 20 à 30 autres, en 2017. Chaque nouveau magasin gonfle les marges puisque les revenus augmentent plus vite que les coût fixes.

«Plus son réseau sera dense, meilleures seront ses économies d’échelle en termes de dépenses publicitaires, des frais de distribution et de dépenses administratives», explique l’analyste.

C’est ce qui explique par exemple qu’au premier trimestre, la hausse de 15,8% des revenus a fait bondir le bénéfice d’exploitation de 26% et le bénéfice par action de 42%. précise Meaghen Annett, de TD Valeurs mobilières.

La vente en ligne de matelas contribuera peu aux revenus et aux bénéfices à court terme puisqu’elle représente seulement 2 à 3% du marché canadien.

Le nouveau site transactionnel, les matelas Bloom, les oreillers Ploom et les sommiers pliables, lancés le 2 mai, visent surtout à attirer les jeunes consommateurs et les clients qui ne sont pas à proximité des magasins, explique Stephen MacLeod, de BMO Marchés des capitaux.

Sleep Country veut tout de même sa place aux côtés de Casper, Endy et Novosbed en ligne, mais les dirigeants jugent que son approche multicanale et ses magasins sont un avantage comparatif parce que les clients aiment bien tester les lits.

Un payeur de dividende élevé à long terme?

M. Shreedhar reconnaît que si les ventes des magasins comparables et le levier de rentabilité de Sleep Country venaient à décevoir, son multiple se dégonflerait, mais il ne perçoit aucun risque à l’horizon.

Mme Annett s’attend même à ce que ses flux de trésorerie augmentent après une période plus intense d’investissements. Cette année, le site de commerce en ligne a coûté 1,7M$ et la relocalisation de quatre centres de distribution 1M$. 

Elle évalue que l’entreprise aura accumulé un capital excédentaire de 75 millions de dollars, à la fin de 2018.

«À long terme, Sleep Country pourrait distribuer les trois quarts de ses bénéfices parce que son mode de fonctionnement exige peu de capital», avance pour sa part M. Shreedhar.

Actuellement, le ratio de distribution est de 40%.

Au premier trimestre, la société a accru son dividende de 10% portant l’augmentation à 27% depuis novembre 2015.

Les accessoires mis à profit

M. Landry ne touche pas à ses prévisions pour les 5 à 7 prochaines années. Il continue de s’attendre à ce que le détaillant accroisse ses bénéfices au rythme annuel de plus de 10% par année.

Sleep Country a rénové le tiers de son réseau de magasins afin de donner plus de place aux accessoires de sommeil qui représentent 20% de ses revenus.

Non seulement ces articles sont-ils plus rentables que les matelas, mais les oreillers, couettes, draps et peignoirs attirent des clients en magasin à qui les employés offrent ensuite les plus récents modèles de matelas.

Les ventes augmentent aussi de 18 à 20% après leur rénovation, précise M. MacLeod.

Sa taille croissante hausse aussi sa valeur auprès des fabricants de matelas qui lui offrent des produits exclusifs et de bons prix, renforçant davantage son avantage concurrentiel.

Comme Dollarama et Quincaillerie Richelieu(RCH,30,02$), dont la stratégie est claire, les perspectives visibles et l’exécution sans faille, Sleep Country mérite une évaluation de «première de classe», indique M. Landry.

L’analyste de GMP voit sa part de marché passer de 25 à plus de 35%, à moyen terme.

«À chaque trimestre de croissance, Sleep Country gagne en crédibilité. Nous croyons que la société pourra faire croître ses bénéfices de plus de 10% avec régularité, tout en majorant son dividende», soutient M. Petrie.

Il est clair à la lecture des rapports optimistes des analystes que les attentes à satisfaire sont élevées.

D’ailleurs, le cours du détaillant se rapproche rapidement du cours cible moyen de 42,71$ des sept analystes qui en assurent le suivi.

 

 

 

 

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