Maintenant, avec un titre à 78 $ US, les investisseurs de type croissance ont-ils raison de s'intéresser à Facebook ?
Les analystes de Cantor Fitzgerald prévoient qu'en 2020, le BPA sera cinq fois celui de 2014. Tout un potentiel ! Selon eux, le cours de l'action de Facebook devrait rapidement atteindre 92 $ US pour mieux refléter cette croissance future. Du côté des analystes de la Deutsche Bank, il devrait s'établir à 100 $ US ! Pour ces analystes, le titre est une aubaine.
Il y a toutefois deux bémols.
Le premier se trouve dans le défi de croissance. Il est possible pour la société de multiplier son bénéfice par cinq d'ici 2020, mais est-ce le scénario le plus réaliste ? C'était déjà un exploit de multiplier son bénéfice par cinq, pour le porter à 3 milliards de dollars américains, comme l'a fait Facebook de 2010 à 2014. Le quintupler de nouveau pour qu'il atteigne 15 G$ US en 2020 est un tout autre défi. En effet, une forte croissance est plus difficile à réaliser pour une entreprise qui a déjà une taille énorme.
Le deuxième bémol est que, historiquement, les analystes ont tendance à être trop optimistes. Les erreurs de prévision sont plus importantes pour un titre comme Facebook que pour une banque canadienne.
Étant donné ces deux constats, le risque d'investissement et d'une correction de la valeur de l'action est plus élevé. En résumé, l'investisseur de type valeur s'intéressera davantage à l'action de la Banque Nationale, qui verse un solide dividende et présente un faible ratio cours-bénéfice. L'investisseur de type croissance sera plutôt attiré par Facebook et son potentiel de multiplier le bénéfice par cinq, ce qui pourrait faire doubler le cours de l'action d'ici 2020. C'est potentiellement plus payant, mais aussi plus incertain.
Biographie
Richard Guay est professeur titulaire en finance à l’ESG UQAM et ancien président de la Caisse de dépôt et Placement du Québec.