Bien lire les états financiers peut rapporter gros

Publié le 27/11/2010 à 00:00, mis à jour le 03/12/2010 à 21:03

Bien lire les états financiers peut rapporter gros

Publié le 27/11/2010 à 00:00, mis à jour le 03/12/2010 à 21:03

3. Le taux d'impôt

L'investisseur avisé compare des pommes avec des pommes. Dans son langage, cela signifie qu'il veut évaluer la performance des activités centrales de la société pendant une période donnée.

La première chose à faire pour y arriver est de se méfier du taux d'impôt. En fait, personnellement, je préfère calculer la croissance des profits avant impôt. Pourquoi ? Parce que la baisse du taux d'impôt peut gonfler artificiellement la croissance des bénéfices. Par exemple, à son deuxième trimestre clos le 30 juin 2010, le bénéfice de BCE a surpassé les attentes, surtout en raison d'un taux d'impôt plus bas. BCE a réalisé un profit par action de 0,77 $, alors que les analystes prévoyaient en moyenne 0,73 $. Cela se compare à 0,58 $ au deuxième trimestre de 2009.

Le taux d'imposition du trimestre de 2010 a été de 18,5 % par rapport à 26,7 % en 2009. Résultat : cela a gonflé le profit net de 70 M $ ou 0,09 $ par action. Autrement dit, n'eut été des impôts plus bas, le bénéfice par action aurait été de 0,68 $, soit inférieur aux attentes.

Précisons qu'il n'y a rien de frauduleux dans cela. Toutefois, lorsque la direction invoque la qualité de son exécution pour expliquer sa surperformance par rapport aux attentes, elle ne dit pas toute la vérité. L'investisseur doit le savoir. D'autant plus qu'il y a une limite aux réductions du taux d'imposition. Au prochain exercice, la société aura de la difficulté à maintenir ses profits.

N'oubliez pas que cela peut jouer dans le sens inverse et créer des occasions. Par exemple, la société qui publie des profits inférieurs aux attentes, en raison d'un taux d'imposition plus élevé, peut voir son titre reculer en Bourse, alors que sa rentabilité réelle n'a pas changé.

4. Les activités poursuivies

L'investisseur avisé tente, autant que possible, d'isoler le rendement des activités de l'entreprise de ce qui est non récurrent. Cela signifie de ne pas tenir compte des charges exceptionnelles, ni des gains extraordinaires.

L'idée est simple : une société inscrit des profits élevés, par exemple à la suite de la vente d'une usine. Par contre, au trimestre suivant, ces profits disparaîtront, car elle compte une usine en moins. Vous comprendrez qu'en tant qu'investisseur vous ne voulez pas payer pour des profits qui n'entretiennent aucun lien avec les activités centrales de l'entreprise.

Par exemple, en 1999, IBM a vendu ses activités appelées Global Network à AT&T, réalisant un gain exceptionnel de quatre milliards de dollars US. Au lieu de comptabiliser ce gain comme poste non récurrent, la direction a choisi de le prendre pour réduire ses dépenses générales et d'administration. "Ce faisant, IBM a caché magiquement la détérioration de ses activités des yeux des investisseurs", explique Howard M. Schilit, dans son livre Financial Shenanigans (McGraw Hill).

Contrairement aux taux d'impôt, relativement faciles à calculer, les éléments non récurrents sont parfois moins évidents à déceler. En fait, les dirigeants ont tendance à les mentionner lorsque c'est à leur avantage (comme une charge qui diminue les bénéfices). Dans ce sens, vous devrez souvent consulter les notes aux états financiers pour découvrir des gains non récurrents. L'exercice en vaut toutefois la chandelle.

5. Les fonds générés par rapport aux profits

S'il y a une seule chose à retenir de ce reportage, c'est la suivante : si vous observez un fossé profond (et grandissant) entre les bénéfices déclarés et les fonds générés par la société, faites attention. C'est le principal drapeau rouge, indicateur précurseur qu'un ralentissement se profile à l'horizon.

Les fonds autogénérés sont les bénéfices après impôts auxquels on ajoute les dépenses qui n'exigent pas de sorties de fonds (comme l'amortissement) et après les investissements dans le fonds de roulement (poste appelé "Évolution nette des éléments hors caisse" dans l'état de l'évolution de la situation financière).

Pour comprendre ce point, mettez-vous dans la peau des dirigeants qui veulent encore montrer que la croissance est au rendez-vous. Quelles sont leurs options ? Pour gonfler leurs revenus, ils peuvent expédier beaucoup de leurs produits chez leurs distributeurs et déclarer ces produits dans leurs revenus (alors que ce n'est pas encore tout à fait le cas). Ils peuvent aussi retarder la réalisation de certaines dépenses pour gonfler les bénéfices, etc.

Résultat : la société publiera des revenus et des profits en hausse, sous les applaudissements des investisseurs.

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