Hausse des taux d'intérêt: la confiance s'effrite

Publié le 13/09/2023 à 16:45

Hausse des taux d'intérêt: la confiance s'effrite

Publié le 13/09/2023 à 16:45

Il faut s’attendre à quelques trimestres négatifs d’ici la fin de l’année, qui devraient résulter par une croissance nulle au Québec, et de 0,5% au Canada. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. En mettant fin à sa pause sur les hausses de taux, au début de l’été, la Banque du Canada a exercé une pression supplémentaire sur le budget des consommateurs et propriétaires de maison. Cette dixième augmentation décrétée depuis le printemps de 2022 a aussi eu des répercussions sur la confiance des chefs d’entreprise qui, depuis le début de l’année, avaient fait preuve d’un plus grand optimisme.

Voilà pourquoi de nombreuses entreprises québécoises et ailleurs au Canada pensent maintenant que les conditions économiques risquent de se détériorer au cours des 12 prochains mois, indique un récent sondage de BDC. Bien qu’il ne faille toujours pas s’attendre à une récession d’ici la fin de l’année, l’optimisme général concernant les conditions économiques au Canada a néanmoins diminué: en juillet, 47% des entreprises au pays estimaient en effet que la situation allait empirer, comparativement à 42% en avril.

 

Des projets d’investissement sur la glace

L’ampleur des taux d’intérêt et l’incertitude économique pourraient nuire aux projets d’investissement des entreprises. Alors que 85% des PME québécoises interrogées en juillet dernier ont indiqué avoir l’intention d’investir davantage ou autant que l’année précédente, seulement 45% d’entre elles se disaient toutefois convaincues de mettre leur projet à exécution. Ce résultat représente une baisse de 10 points de pourcentage de leur confiance depuis avril. 

La baisse de confiance quant à leur probabilité de poursuivre leurs projets d’investissement serait en partie attribuable au resserrement du financement. En juillet, les PME du Québec ont en effet déclaré que les deux tiers (64%) de leurs demandes de financement avaient été autorisées, par rapport à 85% en avril. 

La hausse des taux d’intérêt amène ainsi une majorité (75%) de dirigeants de PME à rechercher du financement à court terme pour maintenir et poursuivre leurs activités. Elles répondent à leurs besoins financiers en accédant à des marges de crédit et en utilisant le crédit aux entreprises, qui sont généralement plus faciles d’accès que d’autres options.

 

Plus optimiste au Québec

Les chefs d’entreprise québécois sont néanmoins plus optimistes que leurs homologues canadiens puisque seulement 39% des PME canadiennes, comparativement à 45% en avril, se disent confiantes d’aller de l’avant avec leurs projets d’investissement afin principalement d’augmenter leur efficacité, d’adopter de nouvelles technologies ou encore d’améliorer leurs ventes.

Outre les conditions externes liées aux taux d’intérêt, au contexte économique ou encore à l’inflation, des facteurs internes comme les besoins de l’entreprise, la situation des flux de trésorerie et la demande pour les biens et services sont tout aussi susceptibles d’influencer les décisions d’investir des chefs d’entreprise dans un avenir rapproché. 

Et ce, même si les attentes des PME concernant leurs ventes pour l’année à venir demeurent relativement stables. Autre constat: trois PME canadiennes sur cinq (59%) ont indiqué avoir été rentables au cours de la dernière année. Un quart a déclaré avoir atteint le seuil de rentabilité, tandis qu’un peu moins d’un sur cinq a perdu de l’argent. Les marges bénéficiaires des entreprises sont en baisse depuis le début de 2022, mais elles restent néanmoins supérieures à leur niveau prépandémique, indique par ailleurs une enquête de Statistique Canada.

Il n’est donc pas étonnant, devant ce constat, de voir que le pessimisme des chefs d’entreprise s’est accentué ces derniers mois. En espérant que ce vent change rapidement d’orientation pour dissiper leurs inquiétudes et préoccupations.

À propos de ce blogue

Pierre Cléroux est vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada.

Pierre Cléroux

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