Bourse: la décision la plus difficile

Publié le 03/06/2022 à 11:20

Bourse: la décision la plus difficile

Publié le 03/06/2022 à 11:20

Un clavier d'ordinateur avec un bouton achat et un bouton vente

Lorsque nous achetons un titre, nous écrivons un «scénario d’achat» de quelques lignes qui énumère les motifs de notre décision, entre autres, les qualités de son modèle d’affaires et les risques qui pèsent sur ses activités. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Quelle est la décision la plus difficile pour un investisseur? Selon moi, il n’y a pas de doute, c’est celle de vendre un titre.

Je crois que la difficulté vient en grande partie des biais psychologiques dont souffre la plupart d’entre nous:

 

  • La tendance à aimer. On a tendance à tomber en amour avec nos titres ;
  • L’ancrage. On est souvent fixé sur le coût d’acquisition d’un titre plutôt que sa valeur au marché et notre estimation de sa valeur intrinsèque ;
  • La tendance à éviter les incohérences. Il est difficile d’admettre qu’une action passée était une erreur et de la renverser ;
  • La tendance à éviter ce qui nous est désagréable ;
  • La tendance à surréagir face aux pertes ;
  • L’effet de disposition. Réfère à cette tendance qu’ont les investisseurs à vendre trop tôt leurs titres qui se sont appréciés et à garder trop longtemps ceux dont la valeur a baissé ;
  • L’effet de dotation — on attribue plus de valeur à un objet que l’on possède que la valeur qu’on lui attribuerait si on ne le possédait pas ;
  • Les coûts irrécupérables («sunk costs», en anglais) — réfère à la tendance à tenir compte des coûts investis dans le passé dans une décision que l’on doit prendre pour le futur ;
  • L’aversion aux pertes (selon de nombreuses études, la souffrance psychologique associée aux pertes est deux fois plus grande que le plaisir que nous tirons d’un gain équivalent).

 

 

Et j’en passe. Avec tous ces biais qui se liguent contre nous, il n’est pas surprenant que la décision de vendre un titre soit si difficile pour la plupart des investisseurs, dont je suis.

Une considération devrait porter sur l’analyse que l’on fait du modèle d’affaires d’une société. Lorsque nous achetons un titre, nous écrivons un «scénario d’achat» de quelques lignes qui énumère les motifs de notre décision, entre autres, les qualités de son modèle d’affaires et les risques qui pèsent sur ses activités. Inévitablement, les choses changent avec le temps, pour le mieux comme pour le pire, et il faut sans cesse remettre en question son scénario d’achat initial. Lorsqu’on considère que le scénario ne tient plus la route, le titre devrait être vendu.

Je crois aussi qu’il faut éviter de vendre un titre simplement parce qu’il s’est fortement apprécié. Ou, au contraire, parce qu’il a perdu beaucoup de valeur. Dans les deux cas, la décision devrait dépendre de notre estimation de la valeur intrinsèque du titre. Comment cette estimation (on la voudra la plus objective possible) se compare-t-elle à sa valeur au marché?

Avec les années, je suis devenu de plus en plus convaincu qu’il était préférable d’adopter la discipline d’une patience à deux vitesses: rester très patient avec ses titres gagnants et beaucoup moins tolérants envers ses titres perdants. Mais dans tous les cas, la décision de vendre (ou pas) un titre devrait être fondée sur des faits et, dans la mesure du possible, faire fi des nombreux biais psychologiques qui rendent la décision si difficile.

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100

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