Pourquoi la loi du silence règne-t-elle chez SNC-Lavalin?

Publié le 28/03/2012 à 09:33, mis à jour le 29/03/2012 à 14:28

Pourquoi la loi du silence règne-t-elle chez SNC-Lavalin?

Publié le 28/03/2012 à 09:33, mis à jour le 29/03/2012 à 14:28

Ainsi, M. Hendry s’est étonné d’un paradoxe, en matière de bonne gouvernance d’entreprise : on recrute souvent les PDG pour leur capacité à garder des secrets, mais dès qu’ils sont en poste, on les harcèle pour qu’ils fassent preuve de la plus grande transparence. Un paradoxe qui suscite nombre de réflexions parmi la communauté des chercheurs en management, et à des études comme celle de Finkelstein et Boyd, qui recommande que les PDG soient rémunérés non pas à la performance (qui dépend, d’après eux, bien peu des hauts-dirigeants!), mais aux secrets qu’ils ont à taire.

Il s’est dit qu’il y avait là matière à creuser. Pour cela, il a décidé de mener des entrevues individuelles fouillées avec 40 PDG et 19 présidents du conseil à la tête d’entreprises cotées au FTSE100, à la City de Londres. Ces entrevues visaient à faire le tour de la question, en démarrant par une interrogation ouverte : «Quelles sont les différences entre ce que vous faites au poste de PDG et ce que vous deviez faire dans vos postes précédents?». Elles duraient le temps nécessaire pour les besoins du chercheur, et variaient donc entre 45 minutes et trois heures. Les enseignements qu’il en a tiré sont passionnants…

Tout d’abord, M. Hendry a mis au jour trois formes de discrétion dont doivent faire preuve les PDG dans le cadre de leurs fonctions :

> Savoir se soustraire. C’est-à-dire savoir se montrer discret et laisser les autres agir en son nom.

> Savoir décider tout seul. Le moment venu, le PDG doit être capable de trancher et de prendre la bonne décision.

> Savoir diriger l’air de rien. Son leadership doit être tel qu’il doit parvenir à insuffler des directives aux autres sans que ceux-ci les prennent pour des ordres, mais plutôt pour des idées.. qui viennent d’eux-mêmes!

Un PDG doit donc briller par sa discrétion, dans tous les domaines où il est appelé à intervenir. Que ce soit lors des réunions, lors des brainstormings, lors des prises de décision, lors du lancement de nouveaux projets, etc.

Ensuite, le chercheur britannique a regardé la notion de discrétion d’un autre point de vue, à savoir comme un écueil pour le devoir de transparence des entreprises. C’est que si le PDG se met à se montrer avare de paroles sur ses projets et sur la façon dont il compte les mener à bien, cela risque de déplaire fortement à ses collègues, aux membres du conseil d’administration, aux actionnaires, et même aux clients. Oui, s’il se montre trop «discret», cela va susciter de vives inquiétudes, voire donner l’occasion à des rumeurs de se répandre comme de la poudre à canon. Et l’irréparable peut dès lors se produire : le PDG va bel et bien profiter de cette zone d’ombre pour manœuvrer à sa guise, sans que personne ne s’en rende vraiment compte, et se laisser tenter par d’obscures magouilles…

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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