D’où l’interrogation suivante : comment se fait-il que cela ne leur apporte rien d’autre que de rigoler un bon coup avec des collègues? C’est que ce type d’humour et d’attitude agit «comme un poison lent», d’après Mme Berdahl et M. Aquino : à force d’être diffusé dans l’organisme qu’est l’équipe ou l’entreprise, il amenuise la réssistance des uns et des autres, et fini par épuiser les plus sensibles, à savoir les «comiques» (qui attaquent autrui par leurs blagues, se sentant eux-mêmes agressés par sa présence dans son entourage) et leurs victimes. Oui, ce poison sournois contamine peu à peu tout le monde, en créant une ambiance de travail délétère. Les conséquences peuvent être majeures : absentéisme, burn-out à répétition, démission de personnes talentueuses, etc.
J’exagère? Je dramatise? Malheureusement, non. L’étude montre un point qui me paraît très important, même s’il n’y est pas vraiment souligné… Il arrive que des victimes de situations à connotation sexuelle considèrent que cela ne les dérange pas vraiment, étant au-dessus de tout cela. Elles ont alors évalué l’impact de celles-ci avec une note neutre, voire positive (estimant probablement qu’il est bon que les employés rigolent de temps en temps au bureau). Et pourtant, l’étude révèle que ces mêmes victimes sont sujettes à différents troubles professionnels (négligences, baisse de productivité, etc.), en tout cas plus que les autres…
On le voit bien, les blagues sexistes sont loin – très loin – d’être innocentes. Et si vous ne le croyez toujours pas, alors je vous invite à une expérience : faites les mêmes blagues que d’habitude, mais en prenant, cette fois-ci, d’autres cibles. Des suggestions : les Noirs, les Péquistes, les musulmans, les cols bleus, les homosexuels,… Et regardez ce qui va se produire.
Faut-il par conséquent s’empêcher désormais de rigoler au bureau? Et s’y ennuyer comme des rats enfermés dans une cage? Non, bien entendu, mais ce n’est pas pour autant qu’on peut rire de tout et de n’importe quoi avec tout le monde. C’est tout. Un exemple : ma petite blague du début de post vous a-t-elle fait sourire? Si oui, retenez vous de la partager avec vos collègues… Qu’en pensez-vous?
Le philosophe grec Héraclite d’Éphèse aimait à dire : «Ne faites pas rire au point de prêter à rire»…