Olivier Schmouker - L'art oublié d'être vraiment modeste

Publié le 06/05/2011 à 09:19, mis à jour le 06/05/2011 à 13:23

Olivier Schmouker - L'art oublié d'être vraiment modeste

Publié le 06/05/2011 à 09:19, mis à jour le 06/05/2011 à 13:23

J’ai compris cela en découvrant un récent article du Philosophical Quarterly signé par Irene McMullin, professeure de philosophie à l’University of Arkansas Fayetteville. Celle-ci y explique que ceux qui manquent de modestie ne respectent pas la personne à qui ils s’adressent, en ce sens qu’ils ne lui prêtent pas ou peu d’attention. Ils font l’étalage de leur réussite, sans se préoccuper de la réaction véritable de leur interlocuteur : peut-être que tous ces propos l’ennuient profondément, ou qu’ils le blessent au plus profond de lui-même (par exemple, il a toujours rêvé de rénover son salon, lui aussi, mais n’a jamais eu le courage nécessaire pour s’y mettre, et s’en sent meurtri en secret…).

Le problème n’est pas de croire qu’on a fait un bon coup et de vouloir le partager avec les autres, mais de ne pas réfléchir au préalable à qui on s’adresse. Le problème supplémentaire réside dans le fait qu’on affiche alors un air de supériorité, là encore sans s’inquiéter du fait que celui ou ceux qui écoutent ont peut-être déjà fait des coups cent fois plus fumants.

Un cas exemplaire est Arnold Schwarzenegger, le Monsieur Univers devenu gouverneur de la Californie, qui a dit, un jour : «Adolescent, je savais déjà que j’étais un gagnant. Je savais que j’étais destiné à accomplir de grandes choses. Certains penseront que je manque totalement de modestie en disant ça. Je suis d’accord avec eux. La modestie n’est pas un mot de mon vocabulaire. Et j’espère qu’il ne le sera jamais»…

On en arrive ainsi à une autre dimension de la modestie, la fameuse fausse modestie. De quoi s’agit-il? De cette attitude qui consiste à taire ce qu’on a furieusement envie de communiquer aux autres, et ce pour une mauvaise raison : peur de les rendre jaloux, peur de paraître prétentieux, etc. Mauvaise raison, en effet, car elle cache une triste vérité, qui est que le faux-modeste est convaincu de sa nette supériorité sur les autres, et donc n’a que mépris pour eux. Il se tait par simple convention sociale, mais n’en pense pas moins. Ce qui n’est pas mieux.

On le voit bien, le prétentieux et le faux-modeste se rejoignent sur un même point : ils n’ont aucun respect pour autrui. Ce trait commun est souligné par un autre philosophe, Aaron Ben Ze’ev, un professeur de l’University of Haifa, en Israël, qui s’intéresse de longue date au sujet de la modestie. «Les deux pêchent par un même travers, qui est de ne pas avoir le sens du partage», considère-t-il. Le prétentieux ferait mieux d’être plus à l’écoute de son interlocuteur, afin qu’une véritable discussion s’instelle, et donc un partage d’idées. Quant au faux-modeste, il empêche les autres de s’enrichir de son expérience, en préférant éviter de parler de ses différents succès ou même toute discussion s’en approchant.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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