Les disparités salariales, un bien ou un mal?

Publié le 11/06/2015 à 06:00

Les disparités salariales, un bien ou un mal?

Publié le 11/06/2015 à 06:00

Ainsi, les trois chercheurs se sont demandé si les écarts de salaires entre membres d’une même équipe avaient la moindre incidence sur la performance globale de celle-ci. Et pour s’en faire une idée, ils se sont penché sur les résultats de deux saisons du calcio, la première division du championnat italien de soccer, celles de 2009-2010 et 2010-2011. Pourquoi le calcio ? Pour deux raisons : d’une part, nombre de ses équipes figurent parmi les meilleures du monde (le Milan AC, la Juventus de Turin, etc.) ; d’autre part, les écarts de salaires y sont phénoménaux – par exemple, Daniele De Rossi, le milieu de terrain vedette de l’AS Roma, était la saison dernière le joueur le mieux payé du calcio, à hauteur de 9 millions de dollars par an, tandis que le deuxième joueur le mieux payé du même club, Marco Borriello, empochait, quant à lui, 4,9 millions de dollars, selon la Gazzetta Dello Sport.

Autre avantage de s’intéresser au calcio, pour des chercheurs en économie : les statistiques en tous genres y abondent. Il est en effet possible de tout savoir sur la performance de chaque équipe, match après match, ou encore sur les performances individuelles (le nombre de buts marqués, le nombre de passes déterminantes, etc.). Du coup, il est possible de regarder si les disparités salariales ont une influence, ou pas, sur la performance de chacune des équipes, voire de chacun des joueurs qui la compose.

Résultats ? Accrochez-vous bien, les voici :

> Un impact a priori négatif. Plus la disparité des salaires est élevée, plus elle a un impact négatif sur la performance globale de l’équipe, mais si, et seulement si, on considère exclusivement les joueurs qui jouent sur le terrain – de 11 à 14 joueurs (en fonction des remplacements en cours de match) sur la trentaine qui sont susceptibles de jouer durant la saison. Autrement dit, si une équipe dispose d’un, deux ou trois joueurs vedettes hyper bien payés en comparaison de leurs équipiers, alors le risque est grand que la performance de l’équipe soit ‘décevante’ au fil des matches, en ce sens qu’elle ne va pas enregistrer autant de victoires que ses dirigeants et ses partisans auraient pu l’espérer.

Pourquoi l’impact est-il négatif ? Les chercheurs ont scruté leurs données à la loupe pour le savoir, et ont découvert une explication : les disparités salariales n’ont pas – comme on aurait pu l’imaginer – un influence sur la coopération au sein de l’équipe, mais plutôt sur la performance individuelle. C’est-à-dire que ceux qui sont moins bien payés que les autres ne se mettent pas à en faire plus pour être aussi bien, sinon mieux, payés que leurs équipiers : au contraire, ils font moins d’efforts que d’habitude, dégoûtés de voir que les autres roulent sur l’or, et pas eux. Bref, les écarts salariaux les démotivent plus qu’autre chose, au point de les voir sous-performer exprès.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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