L'art subtil de déléguer, selon Richard Branson

Publié le 10/05/2019 à 06:06

L'art subtil de déléguer, selon Richard Branson

Publié le 10/05/2019 à 06:06

(Photo:123RF)

Avez-vous noté, comme moi, que plus on avance, plus on doit assumer de responsabilités ? J’imagine que oui. Maintenant, avez-vous noté par la même occasion combien il est difficile d’assumer toutes ces responsabilités – les anciennes comme les nouvelles – vu que les dernières ne remplacent jamais les premières, mais s’ajoutent à celles-ci ? J’imagine toujours que oui.

La question saute aux yeux : comment se fait-il que nous n’ayons pas le réflexe d’aussitôt déléguer à autrui les tâches que nous ne parvenons plus à assumer correctement ? Eh bien, je pense que la vraie réponse n’est pas franchement que nous n’osons pas déléguer – peur inconsciente de montrer ainsi à tous que nous ne sommes pas à la hauteur des attentes, etc. – mais plutôt que nous ne savons pas déléguer.

D’où ma joie lorsque je suis tombé sur un billet de blogue de Richard Branson, le serial entrepreneur britannique connu pour avoir créé Virgin, dans lequel il prodigue ses conseils pour déléguer. C’est qu’un entrepreneur de 19 ans l’a récemment contacté pour lui demander ses lumières à ce sujet, son entreprise prenant une telle ampleur qu’il ne savait plus où donner de la tête. M. Branson a pris le temps d’y réfléchir, puis il a concocté une petite liste en 5 points, dont voici l’essentiel…

«Savoir déléguer est une compétence cruciale en matière de leadership, ne serait-ce qu’en raison du fait que cela peut permettre à un leader de ne pas être écrasé par ses tâches, de trouver un certain équilibre entre le travail et la vie personnelle, indique M. Branson. À cela s’ajoute le fait que Virgin ne serait jamais passé de détaillants de disques par correspondance à une marque mondiale regroupant une soixantaine d’entreprises diversifiées si je n’avais pas appris par moi-même à déléguer.

«Sans vraiment y réfléchir, j’ai développé une méthode pour déléguer au fil des années. La voici présentée en cinq points que, j’espère, vous trouverez pertinents pour apprendre à déléguer à votre tour:

1. Identifiez vos forces et vos faiblesses

«Réfléchissez aux tâches que vous accomplissez tout naturellement. Que faites-vous avec plaisir, sans stress ? Maintenant, que trouvez-vous exigeant, voire fastidieux, dans vos journées de travail ? Qu’est-ce qui vous fatigue en fin de journée ?

«Bien. Allez plus loin dans votre réflexion en demandant à vos proches, à vos amis et aux collègues en qui vous avez entière confiance de vous faire des observations honnêtes à ce sujet. De vous dire quelles sont, selon eux, vos forces et vos faiblesses au travail.

«Enfin, après y avoir soigneusement réfléchi à tête reposée, écrivez-les sur une feuille de papier, et classez-les dans différentes catégories de compétences.»

2. Identifiez les forces et les faiblesses de votre équipe

«En suivant exactement la même démarche, déterminez les forces et les faiblesses de l’équipe dans laquelle vous évoluez. Cela vous permettra d’identifier les points à améliorer sans tarder, et donc d’effectuer une meilleure distribution des tâches, plus en adéquation avec les talents propres à chacun.»

3. Commencez à déléguer

«Profitez de la redistribution des tâches pour, au passage, déléguer une ou plusieurs des vôtres à des personnes plus à même que vous de les assumer. L’idée, c’est alors de veiller à ce que tout cela dynamise votre équipe et fasse appel aux talents les plus diversifiés possible qui existent au sein de votre équipe.

«Pour bien commencer à déléguer une tâche, il convient de combiner l’une des forces d’autrui à l’une de vos faiblesses. Ce n’est pas tout. Il faut également vous assurer que la personne en question ait trois atouts : une bonne connaissance du domaine concerné ; une assurance suffisante pour faire elle-même des choix, sans recourir à vos lumières à tout bout de champ ; une bonne compréhension de votre propre vision quant à ce domaine, afin que ses décisions ne se révèlent pas une mauvaise surprise pour vous.»

4. Aplanissez la hiérarchie

«Créez une culture où toute idée neuve est la bienvenue, où la communication est ouverte et où la collaboration est inhérente à chaque décision. Car, ne l’oubliez jamais, les personnes sont votre ressource principale, pour ne pas dire votre plus grand atout. En conséquence, n’hésitez jamais à miser à fond sur votre atout, sur votre ressource principale, c’est-à-dire sur les personnes qui vous entourent au travail.

«Concrètement, cela revient à aplanir la hiérarchie. Faites de plus en plus confiance aux autres, et arrêtez de plus en plus souvent d’exiger qu’ils obtiennent le feu vert de votre part lorsqu’ils veulent faire preuve d’initiative. Car cette confiance se traduira par une plus grande loyauté, et par suite par une plus grande efficacité de votre équipe.»

5. Restez connecté

«À présent que votre équipe gagne en confiance en elle-même et en efficacité, apprenez à vous asseoir et à considérer la situation dans sa globalité, en cherchant à intervenir le moins possible. L’idée n’est pas de vous effacer. Loin de là. L’idée est plutôt d’être présent autrement : demeurez visible, accessible et connecté à toutes les parties mobiles de l’équipe. Soyez un point du réseau par lequel l’information et l’énergie circulent le plus librement possible, pour le plus grand bénéfice du groupe.»

Voilà. Tels sont les conseils pratiques prodigués par Richard Branson pour apprendre à déléguer, et donc pour devenir un meilleur leader. À vous de vous inspirer, à présent !

En passant, le philosophe français Alain aimait à dire : «La fonction de penser ne se délègue pas».

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À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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