Ainsi, Mme Webb s'est servie d'un outil pratique dénommé la Regulatory Mode Theory (RMT), qui vise à analyser l'autorégulation d'un être vivant, animal comme humain. L'autorégulation? C'est un système qui permet à un être vivant (un humain, un animal, une cellule,…) d'être en harmonie avec lui-même, c'est-à-dire en situation d'équilibre stable. En cas de dérèglement, l'être en question risquerait d'être exposé à un emballement, ou au contraire à un étouffement, et par suite, de mourir. Prenons l'image d'un écosystème : si l'on y introduit brutalement une bête qui dévore les autres sans risquer d'être dévorée elle-même, vite un déséquilibre se créé, et l'ensemble de l'écosystème se trouve en danger (faute de proies, les prédateurs disparaissent).
La RMT considère que l'autorégulation est caractérisée par deux éléments, soit la mobilité et l'évaluation :
> Mobilité. Quand on s'autorégule, on est forcément amené à passer d'un état à un autre. Ceux qui s'autorégulent le mieux sont ceux qui sont les plus mobiles.
> Évaluation. Pour s'autoréguler, il faut être en mesure de se comparer aux autres, histoire de deviner vers quel nouvel état ont devrait passer pour s'améliorer. Ceux qui s'autorégulent le mieux sont aussi ceux qui manient l'évaluation à la perfection.
Comment la chercheuse a-t-elle utilisé la RMT? En demandant à 91 étudiants de Columbia de participer à une petite expérience. Il s'agissait de remplir un questionnaire composé de 30 éléments que les participants devaient noter de 1 à 6 (1: pas d'accord du tout ; 6: totalement d'accord). Parmi les éléments figuraient ceux-ci :
> «Je me compare souvent aux autres» [Évaluation]
> «Quand j'ai terminé un projet, je prends toujours du temps avant de me lancer dans un autre» [mobilité, sous une forme inversée]
> «Je suis souvent critique à l'égard de mon travail et de celui des autres» [Évaluation]