Comment devenir un orateur d'exception?

Publié le 05/06/2014 à 09:11

Comment devenir un orateur d'exception?

Publié le 05/06/2014 à 09:11

«Les élections législatives de mai 1914 ont permis à son parti, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) de remporter une centaine de sièges et de devenir le deuxième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Si le parti de Jaurès est encore exclu des décisions, situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique, il ne fait aucun doute que les idées socialistes vont bientôt devenir des actions portées à l’échelle nationale. Bientôt Jaurès ne s’opposera plus seulement à des lois qu’il juge iniques, il collaborera à leur rédaction, mènera les débats et assurera leur promulgation.

«C’est avec ardeur qu’il s’est opposé à la «loi des trois ans» de service militaire, nouvelle escalade vers une future guerre. Le 25 mai 1913 au Pré-Saint-Gervais, Jaurès a fait un discours enflammé devant cent cinquante mille personnes. Mais la loi a été votée et les nations européennes se croient toutes prêtes à mener la guerre.

«Fin juin 1914, à la suite de l’attentat de Sarajevo, la situation internationale s’est tendue. Intraitable, l’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne, a lancé un ultimatum à la Serbie. Jaurès est alors à Bruxelles pour la réunion de la deuxième Internationale socialiste. Apprenant la mobilisation des Russes qui s’engagent à soutenir le petit État balkanique, il est revenu en France pour demander au président du Conseil, René Viviani , d’éviter tout incident avec les troupes allemandes massées aux frontières.

«Le 31 juillet 1914, Jaurès se rend au journal dont il est le fondateur et le rédacteur en chef. La situation l’inquiète profondément. Avec ses amis journalistes et politiques, il cherche des solutions. Il est sidéré par les événements qui s’enchaînent et se déchaînent. L’Europe entière vient de décréter la mobilisation générale.

«Jaurès veut contrer ce flot de l’Histoire : c’est son devoir d’intellectuel et d’homme politique. Il faut du sang froid, de la clarté, des nerfs d’acier. La veille, il a écrit dans L’Humanité que «le péril est grand, mais il n’est pas invincible». Il n’y a pas de fatalité pour les hommes optimistes : Jaurès est de cette trempe.

«En ce dernier jour de juillet 1914, il n’y a pas que les esprits qui s’échauffent. La chaleur est lourde et pesante. Dans un restaurant parisien bondé, situé au coin de la rue du Croissant et de la rue Montmartre, Jaurès et ses amis se sont installés à gauche de l’entrée, dos à une fenêtre entrouverte.

«À 21h40, Jaurès est attablé, quand deux coups de feu retentissent. Jaurès tombe, ses amis l’allongent. Un pharmacien présent l’ausculte et n’est guère optimiste. Le pouls est à peine perceptible. Les minutes sont longues avant qu’un médecin n’arrive. Il se penche sur Jaurès, l’examine et manifeste son impuissance : «Je n’ai plus qu’à saluer!» Jaurès est mort, foudroyé par deux balles, dont l’une en pleine tête.

«Toutes les personnes présentes sont atterrées, horrifiées. Devant le café, une foule s’agglutine, puis se disperse. Un cri : «Ils ont tué Jaurès!» se répand sur les boulevards parisiens remplis d’une foule nombreuse. Puis un autre cri émerge : «Vive Jaurès! Vive Jaurès!» ; chacun comprend pourquoi on a tué Jaurès : pour la guerre.»

(…)

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...