L'énigmatique Lord Ashcroft

Publié le 07/04/2010 à 00:08

L'énigmatique Lord Ashcroft

Publié le 07/04/2010 à 00:08

BLOGUE.

Certaines compagnies comportent des éléments mystérieux à un point tel qu'il nous est difficile de savoir si nous devrions l'acheter ou la vendre. C'est le cas de BCB Holdings (BCBHF sur le pinksheets), une banque située au Bélize et dans les îles Turks & Caicos dont nous avons déjà discuté sur ce blogue. Nous détenons le titre en portefeuille, et après avoir essuyé une perte sur papier de l'ordre de 70% sur nos premiers achats, nous nous demandons si nous devrions acheter davantage d'actions.

Les derniers résultats affichent une performance très enviable comparativement à bien des banques américaines. Les profits ont été de 15 cents par action. Si on annualise à 60 cents, on obtient un ratio cours-bénéfice inférieur à 3 (le titre peut être acquis à 1,75$). Il s'agit donc d'un prix très attrayant.

Cependant, les provisions pour pertes sur prêts ont été de seulement 0.9M$ au dernier trimestre. Annualisé, nous obtenons environ 0,4% des prêts, alors que bien des banques américaines ont essuyé des pertes considérablement plus élevées.

Si les provisions sont si peu élevées chez BCB Holdings, ce n'est pas parce que ses prêts ne lui causent aucun maux de tête. La banque détient beaucoup de prêts reliés à l'industrie touristique, qui est fortement affectée par la crise. D'ailleurs, M. Ashcroft affirme lui-même que les prêts douteux ont agmenté et que la situation n'était pas facile. Mais M. Ashcroft ne mentionne point un détail important : le pourcentage des prêts douteux. Il s'agit des prêts dont les emprunteurs éprouvent des difficultés, et pour lesquels il pourrait y avoir défaut de paiement.

Sans cette information, il nous est impossible de bien apprécier la valeur de la banque. D'un autre côté, deux éléments importants joue en sa faveur. Son ratio ''prêts / équité'' est d'environ 2. Pour fins de comparaisons, un ratio de 7 est très conservateur. Imaginez 2!  L'autre élément qui nous rassure sur ce titre, c'est la forte détention d'actions par M. Ashcroft. Il détient plus de 75% de la banque.

Nous avons donc d'un côté, une banque qui détient une forte capacité à absorber des pertes sur prêts et disponible à un prix dérisoire ; de l'autre côté, une banque qui n'affiche pas son taux de prêts douteux et qui prend des provisions pour pertes insignifiantes par rapport aux autres banques. Nous attendons donc de voir comment cela se terminera. En attendant, nous devons avouer que nous nageons en plein mystère, et il est trop tôt pour dire s'il s'agit d'un mauvais investissement ou d'une forte aubaine.

 

 

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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