Budget fédéral: des investissements nécessaires pour les Premières Nations

Publié le 03/05/2024 à 12:13

Budget fédéral: des investissements nécessaires pour les Premières Nations

Publié le 03/05/2024 à 12:13

«Le budget de la ministre des Finances Chrystia Freeland propose des investissements pour les Autochtones qui totalisent un peu plus de 9G$ sur cinq ans. (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. Les Autochtones avaient de grandes attentes pour le budget fédéral 2024 présenté le 16 avril dernier. Dans l’objectif de réduire le fossé socioéconomique qui existe avec le reste de la population canadienne, des investissements majeurs sont requis. Est-ce que le budget répond à tous les besoins des Premières Nations? Non, mais l’effort est louable et nécessaire.

Le budget de la ministre des Finances Chrystia Freeland propose des investissements pour les Autochtones qui totalisent un peu plus de 9 milliards de dollars (G$) sur cinq ans. Parmi ce montant, le gouvernement prévoit une enveloppe 918 millions de dollars (M$) sur cinq ans à compter de l’année 2024-2025 pour «accélérer les travaux visant à cerner les lacunes en matière de logement et d’infrastructure des Premières Nations, des Inuits et des Métis». Le montant est important et sera utile, même si on reste encore loin des sommes nécessaires afin de pallier les lacunes en matière d’infrastructure, qui sont la principale source du fossé socioéconomique que l’on tente de combler.

Combler ce déficit n’est pas juste une question d’infrastructure. C’est directement relié aux conditions socioéconomiques des peuples autochtones. Les investissements dans les infrastructures des Premières Nations sont cruciaux pour favoriser leur autodétermination et améliorer leurs conditions socioéconomiques, réduisant ainsi les disparités avec le reste de la population canadienne.

Pendant des décennies, le sous-financement a gravement affecté ces communautés, créant un déficit en infrastructure qui menace, non seulement leur développement actuel, mais aussi leur avenir. Chaque année, les infrastructures continuent de se détériorer, alors que la surpopulation demeure une réalité dans plusieurs des communautés.

Répondre aux besoins

Selon un rapport récent de l'Assemblée des Premières Nations (APN), publié à la veille de la présentation du budget fédéral, le manque à gagner serait de 349G$ pour pallier le déficit d’infrastructures. Il faudrait, notamment injecter 135G$ de plus pour le logement, 5G$ pour la connectivité numérique et 209G$ supplémentaires sont nécessaires pour d'autres infrastructures critiques, telles que les usines de traitement de l'eau, les routes, les écoles et les ports.

On est donc loin du compte, mais les sommes investies par le gouvernement fédéral pourront servir de levier permettant de financer des projets qui répondront aux besoins. Autrement, l'absence d'investissement entraînerait une dégradation accélérée de l'infrastructure essentielle pour les communautés des Premières Nations, affectant gravement leur santé, leur sécurité et leurs services communautaires.

Je souligne notamment le nouveau programme de garantie de prêts pour les Autochtones qui accordera jusqu’à 5G$ en garanties de prêts pour que les communautés puissent tirer profit des retombées des grands projets énergétiques et d’exploitation des ressources naturelles réalisés sur leurs territoires. Cette enveloppe permettra d’appuyer des projets en offrant un accès à des capitaux abordables aux gouvernements et aux communautés autochtones qui souhaitent participer à ces projets.

Le budget fédéral 2024 prévoit également un investissement de 388M$ afin de stimuler les possibilités économiques pour les entrepreneurs et le tourisme autochtones.

«Lorsque les peuples autochtones réussissent, le Canada réussit», a dit le premier ministre Justin Trudeau lors de la présentation de ce budget. Je suis d’accord avec lui.

Les communautés autochtones sont confrontées depuis trop longtemps à des conditions socioéconomiques désavantageuses qui minent non seulement ces communautés, mais également l’ensemble de la société. La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, ce constat est reconnu par les gouvernements et la population en général. Nous sommes donc sur la bonne voie pour créer des emplois et construire un avenir plus prospère pour les peuples autochtones.

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À propos de ce blogue

Innu, Uashat Mak Mani-utenam. Ken Rock est avocat. Me Ken Rock a agi à titre de négociateur en chef et de directeur pour le Bureau de la protection des droits et du territoire de sa communauté lors de la signature de trois ententes sur les répercussions et avantages et de deux sur l’exploration minière avec des compagnies minières. Il est actuellement directeur général de la Société de développement économique d’Uashat Mak Mani-Utenam (SDEUM). Il est titulaire d’un EMBA McGill-HEC Montréal. En plus d’être le co-initiateur de l’École des dirigeants des Premières Nations, Ken Rock occupe également le poste de Directeur des initiatives entrepreneuriales de l’école.

Ken Rock

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