Le Canada a tort de ne pas s'intéresser davantage à l'Afrique


Édition du 25 Octobre 2014

Le Canada a tort de ne pas s'intéresser davantage à l'Afrique


Édition du 25 Octobre 2014

Les États-Unis reculent, la Chine avance

Au cours de la même période, le commerce entre la Chine et l'Afrique a progressé de 166 G $ US à 210 G $ US. L'écart entre la Chine et les États-Unis est aussi considérable sur le plan de leurs investissements directs en Afrique. Ceux des États-Unis y sont évalués à 89 G $ US, mais ceux de la Chine, à 206 G $ US.

Autre difficulté, les dirigeants africains voient les Américains comme de vils exploiteurs de leurs ressources naturelles. Leur perception à l'égard des sociétés chinoises est plus positive : les leaders africains estiment qu'elles créent de la richesse pour leur pays. La corruption facilite les relations et le développement des affaires, une façon de faire qu'une loi interdit aux sociétés américaines oeuvrant à l'étranger.

De 30 à 50 % de l'aide étrangère chinoise est dirigée vers l'Afrique. Cette aide a procuré beaucoup de petites infrastructures et d'équipements à des communautés locales. Il y aurait un million de Chinois en Afrique. On en trouve même dans des endroits reculés. Ils travaillent à des projets et exploitent des commerces.

Depuis 2000, la Chine a tenu cinq grands sommets avec l'Afrique. Les plus hautes autorités politiques chinoises y participent pour bien montrer l'importance qu'ils accordent à ce continent. La Chine a de fortes ambitions : porter à 400 G $ US son commerce avec l'Afrique. La Chine y voit un débouché pour ses produits (85 millions de ménages chinois auraient un revenu annuel de 5 000 $ US), mais aussi la possibilité d'y fabriquer des textiles, vêtements, appareils ménagers, etc., destinés aux marchés étrangers. La population de l'Afrique est jeune et croît rapidement, constituant un bassin de main-d'oeuvre considérable.

L'Europe, qui a colonisé la plupart des pays du continent noir, y dispose encore de forts tentacules, même si elle traîne une image de prédateur. L'Europe cultive néanmoins activement ses relations avec l'Afrique, avec laquelle elle a réalisé des échanges commerciaux de 450 G $ US en 2012, soit 37 % du commerce international du continent africain. La valeur des investissements des sociétés européennes en Afrique est d'au moins 300 G $ US (soit près de 50 % de tous les investissements étrangers dans ce continent).

Après la chute du mur de Berlin (en novembre 1989), l'Europe s'est tournée vers les pays de l'Europe de l'Est pour profiter de l'abondance ainsi que de la qualité et du faible coût de leur main-d'oeuvre. Toutefois, ayant constaté ces dernières années l'influence grandissante de la Chine en Afrique, l'Europe a renforcé ses activités de séduction auprès des Africains. En août dernier, elle a réalisé à Bruxelles un quatrième grand sommet auquel ont participé de nombreux chefs de gouvernement européens et africains.

Plusieurs autres pays, dont le Japon, l'Inde, le Brésil et la Turquie, ont aussi entrepris de séduire l'Afrique.

Au moment où plusieurs pays multiplient les initiatives pour participer à l'immense potentiel de développement du continent africain, Ottawa se contente de regarder passer le défilé. C'est à la fois regrettable et incompréhensible.

À propos de ce blogue

Tour à tour rédacteur en chef et éditeur du journal Les Affaires pendant quelque 25 ans, Jean-Paul Gagné en est l’éditeur émérite depuis 2007. En plus de publier un commentaire hebdomadaire dans le journal et de tenir un blogue dans LesAffaires.com, il participe à l’organisation d’événements et représente le journal dans les milieux d’affaires. Il est aussi appelé à commenter l’actualité dans d’autres médias et à prononcer des conférences. Jean-Paul Gagné a consacré sa vie professionnelle au journalisme économique. Avant son entrée aux journal Les Affaires, qu’il a contribué à relancer pour en faire la principale publication économique du Québec, il a passé une douzaine d’années au quotidien Le Soleil, où il était journaliste économique et cadre à la rédaction. Jean-Paul Gagné est diplômé en économie et en administration. Il a reçu de nombreuses marques de reconnaissance, dont les prix Hermès et Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, le prix Carrière en journalisme économique de la Caisse de dépôt et placement et Merrill Lynch et le Prix du livre d’affaires remis par Coop HEC Montréal et PricewaterhouseCoopers. Il siège au conseil d’administration d’organismes sans but lucratif.

Jean-Paul Gagné

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