Prendre sa place - suite

Publié le 14/10/2011 à 09:25, mis à jour le 14/10/2011 à 10:06

Prendre sa place - suite

Publié le 14/10/2011 à 09:25, mis à jour le 14/10/2011 à 10:06

[Photo : Jean Piché]

BLOGUE. Parce que le chef du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) est une figure importante de la vie municipale montréalaise, la fin de sa première année à la tête des 4 600 policiers a été soulignée dans les médias. Il aurait pris un an à intégrer ses nouvelles fonctions. Ce qui dépasse largement la moyenne des 90 jours dont j’ai déjà parlé ici. Et ce qui prouve qu’il s’agissait bien d’une moyenne! Honnêtement, je ne crois pas qu’un poste comme celui qu’occupe Marc Parent au SPVM tombe dans la moyenne. Ceci m’amène à revenir un peu sur le sujet de l’intégration d’un nouveau poste de gestionnaire ou de dirigeant.

J’y reviens en répondant à deux commentaires qu’avaient suscités mes billets sur la succession et sur la « prise de pouvoir ».

Si quelqu’un croit que la place aurait dû lui revenir

Le premier commentaire évoque une difficulté que plusieurs gestionnaires nouvellement nommés peuvent rencontrer : que faire avec celui ou celle qui considère que le poste auquel vous venez d’accéder lui revient, et qui fait partie de l’équipe que vous devez maintenant gérer?

C’est un défi important et votre capacité à le relever dépendra beaucoup de votre degré d’assurance. Plus vous serez sûr de vous, plus vous augmenterez vos chances de succès.

Si vous vous sentez menacé, vous serez tenté d’ignorer cette personne, mais si vous envisagez de devenir un gestionnaire inspirant, je vous encouragerais plutôt à prendre le taureau par les cornes.

Soyez d’abord conscient que cette personne a été blessée dans son amour-propre et n’en rajoutez pas. Informez-vous auprès de vos supérieurs sur les raisons pour lesquelles cette personne n’a pas été nommée à votre place. Il se peut qu’elle ne soit pas apte à occuper ce poste et qu’elle ait une perception erronée de ses véritables compétences, mais il se peut aussi que ce soit un « bon deuxième » et que vous l’ayez devancée seulement de quelques points.

Dans un cas comme dans l’autre, vous ne gagnerez rien à isoler cette personne. Elle fait partie de votre équipe. Abordez la question avec lui ou avec elle de manière franche et respectueuse : rappelez-lui que c’est vous qui avez été nommé, mais que vous aimeriez compter sur sa collaboration.

Qui peut vous aider?

Aurez-vous besoin d’aide? Peut-être, semble dire le deuxième commentaire. L’auteur nous dit qu’« être conscient du défi d'intégration et accepter de se faire accompagner durant cette période peut faire toute la différence entre réussir ou pas ».

Je ne peux qu’être d’accord : intégrer un nouveau poste de gestionnaire est un défi. J’ai cité un type de difficulté, mais il y en a d’autres. Je suis certaine que M. Parent pourrait nous en proposer quelques-uns…

Heureusement, de plus en plus d’entreprises accompagnent leurs gestionnaires pendant la période d’intégration. Cet accompagnement prend le plus souvent la forme de mentorat, assuré par une personne de l’intérieur.

Pour répondre à la question de ce commentaire : « Vous êtes-vous déjà fait accompagner durant une intégration comme gestionnaire? Quels en ont été les bienfaits? » Personnellement, j’ai déjà bénéficié d’un accompagnement de type mentorat et c’est vrai qu’il peut faire toute la différence. Sans lui, je me serais sans doute sauvée en courant.

Ce type d’accompagnement vous permet de vous acclimater à la culture de l’entreprise si vous n’y étiez pas déjà, il vous procure un allié immédiat – sinon, vous devrez attendre d’avoir quelques réalisations à votre actif, il vous permet de « ventiler », c’est-à-dire d’exprimer vos frustrations, vos doutes sans craindre d'être jugé, il vous permet finalement de réfléchir à voix haute avec quelqu’un qui peut vous éviter de spéculer inutilement.

Les qualités des leaders

Les obstacles rencontrés pendant la période d’intégration peuvent varier énormément d’une entreprise à l’autre, d’une structure organisationnelle à l’autre, d’un niveau hiérarchique à l’autre et il n’existe pas de recette miracle. Cela dit, je pense qu’il y a des fondements communs à toute forme de leadership : rappelez-vous que le leadership ne tient pas seulement à vos compétences, mais beaucoup à la personne que vous êtes, à vos valeurs, à vos qualités comme être humain et à ce que vous dégagez. Et c’est tout cela qui passe dans votre façon de communiquer avec vos employés comme avec vos pairs et vos supérieurs.

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À propos du blogue Gestionnaires inspirants

Ce blogue tire son nom du plus récent ouvrage d’Isabelle Lord, Gestionnaires inspirants : les 10 règles de communication des leadersIl souhaite éveiller les consciences sur les comportements de gestion nuisibles et fournir des pistes d’amélioration sous forme de conseils ancrés dans le quotidien des gestionnaires.

Formatrice et coach professionnelle possédant plus de 20 ans d’expérience comme experte et gestionnaire, l’auteure est présidente de Lord Communication managériale. Elle aide les gestionnaires à atteindre leurs objectifs en améliorant leurs habiletés de communication. Conférencière à HEC-Montréal, elle offre aussi des formations sur mesure en entreprise ainsi que des sessions publiques visant à habiliter les gestionnaires et aspirants gestionnaires à tenir des communications inspirantes.

À propos de ce blogue

Isabelle Lord, présidente de Lord Communication managériale, est aussi auteure de plusieurs livres à succès dont «Le courage de dire». Conférencière et coach réputée, Isabelle Lord est reconnue pour son approche pragmatique et stimulante de la communication de gestion. Chaque billet de ce blogue est un instant de réflexion sur vos communications et une source de conseils éclairés et pertinents en mettre en pratique.

Isabelle Lord

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