Yves Bolduc: remboursement inadéquat, démission nécessaire

Publié le 16/07/2014 à 17:14

Yves Bolduc: remboursement inadéquat, démission nécessaire

Publié le 16/07/2014 à 17:14


C'est malheureusement insuffisant

La démarche de monsieur Bolduc est malheureusement insuffisante.

On a écrit quelques fois depuis le début de cette affaire que le véritable problème de monsieur Bolduc est qu'il avait abusé du système, et que, même en réparant totalement sa faute en monétaire (remboursement du 215 000$), il lui serait difficile de rester en fonctions.

Le programme d'incitation a été créé afin d'amener des médecins ayant des patients à en prendre davantage. Il s'agissait à l'époque d'ajouter quelque chose comme entre 100 et 150 patients à la liste de suivi d'un médecin. Un ajout de 10 à 15% par rapport à la moyenne québécoise de patients suivis par médecin (1100).

Le problème est que monsieur Bolduc a utilisé un programme destiné à convaincre les médecins d'alourdir leur tâche de 10-15% pour plutôt se construire à bonis 100% d'une clientèle.

Il est vrai que le but la politique (un ajout de 100-150 patients plutôt que la construction de 100% d'une clientèle) n'était pas écrit en toutes lettres dans celle-ci. La limite de patients éligibles au bonus n'a été portée à 150 qu'après les faits.

Même avant les précisions, et c'est ici le nœud de l'affaire, il était cependant évident que l'intention du programme n'était pas d'encourager la construction d'une clientèle importante et son abandon dans un horizon rapproché. Comment le gouvernement aurait-il pu en effet espérer régler son problème de médecins de famille en donnant une prime pour 1500 patients et en autorisant leur abandon un an plus tard?

Ça n'a aucun sens, et monsieur Bolduc, qui était ministre de la santé lors de l'élaboration du programme, pouvait difficilement ne pas se rendre compte qu'il était à risque de dénaturer totalement le programme et d'outrepasser déraisonnablement son objectif.

C'est ce qui allait se produire et conduire à l'abus de système actuel.

Un simple citoyen serait absous de faute puisqu'il n'y a pas eu transgression de règles légales. Ce n'est cependant pas les règles légales qui gouvernent la légitimité de représentation à l'Assemblée nationale, mais les règles d'éthique et de gouvernance. Un parlementaire qui dénature un programme en travestissant son objectif, alors même qu'il était responsable de sa mise en place, viole ces règles et abuse de la confiance du public.

Yves Bolduc aurait probablement pu éteindre le feu en remboursant la totalité de la prime et en indiquant qu'il avait agi un peu rapidement, sans trop réfléchir à l'objet du programme. Au pire, il aurait peut-être pu faire acte de contrition tout en précisant que la hauteur du remboursement demandé était actuellement trop élevée pour ses capacités.

Voilà malheureusement que, réflexion faite, il ferme définitivement la porte à un remboursement total et préfère continuer de prétendre qu'il n'a pas abusé du système. Il n'est plus possible d'éteindre le feu. L'abus de la confiance du public est confirmé.

Cette fois, il n'y a plus d'alternative à la démission. Il est surprenant que le premier ministre et le conseil des ministres cautionnent pareille situation.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?