La grande question
On n'en discute pas encore clairement publiquement, mais avec la sortie du maire de Trois-Rivières, on semble se rapprocher de la discussion la plus importante de l'affaire.
La question est la suivante: le projet de loi doit-il uniquement éviter d'alourdir le fardeau fiscal du contribuable ou doit-on aller plus loin et exiger des retraités et des employés un effort plus grand qui permette aux municipalités de récupérer de l'argent?
Dépendamment des montants en jeux, des situations financières des villes, et des convictions sociales de chacun des maires, la réponse devrait varier d'un endroit à l'autre.
Sur la base d'évaluations actuarielles sommaires 2012, un récent bulletin d'Aon Hewitt indique par exemple ceci: dans les municipalités de plus 100 000 habitants, les obligations relatives aux régimes de retraite sont de 629$ par individu, alors qu'elles sont trois fois moindres chez les municipalités de moins de 100 000 (200$) et qu'elles pèsent deux fois moins dans leur budget (6,2% contre 3,1%).
Si vous êtes une municipalité dans la deuxième catégorie, vous ne sentez pas nécessairement le besoin de mettre le feu dans vos relations de travail et d'y aller de compressions.
Si vous êtes dans une situation de sous-investissement dans les infrastructures comme Montréal, cependant, vous souhaitez sans doute que le projet de loi ne change pas. L'argent reçu pourrait être affecté aux infrastructures.
Si vous êtes au gouvernement, vous vous dîtes sans doute la même chose, en ce que, indirectement, le projet de loi vous évitera éventuellement d'avoir à casquer plus pour Montréal.
Bien que la hausse des déficits des régimes de retraite puisse en partie expliquer le sous-investissement dans les infrastructures, on le voit bien, le projet de loi ne vise cependant alors plus uniquement les retraites et la pérennité des régimes. Il va plus loin et oblige tout le monde à aller plus loin et faire un coup d'argent.
C'est pour cela que l'on dit que le maire de Trois-Rivières a raison et qu'il est inadéquat.
Il sera intéressant de voir ce que viendra dire Alban D'Amours à ce sujet en commission parlementaire. Monsieur D'Amours a jusqu'à présent défendu le projet de loi, mais on n'est pas sûr qu'il avait repéré l'opération de récupération financière en cours.
À titre d'ancien président du mouvement Desjardins, et de père du rapport qui porte son nom, sa position risque d'être déterminante dans les décisions que prendra le gouvernement.
La question à monsieur D'Amours, donc: doit-on uniquement éviter d'alourdir le fardeau fiscal du contribuable ou doit-on aller plus loin et exiger des retraités et des employés un effort qui permette aux villes de faire un coup d'argent?
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