Pourquoi l'Industrielle est allée chercher Clément Gignac

Publié le 16/10/2012 à 16:12, mis à jour le 16/10/2012 à 19:21

Pourquoi l'Industrielle est allée chercher Clément Gignac

Publié le 16/10/2012 à 16:12, mis à jour le 16/10/2012 à 19:21

[Photo : Gilles Delisle]

BLOGUE. C'est une annonce qui a fait passablement d'impression, mardi, dans la salle de rédaction. Clément Gignac passe à l'Industrielle Alliance. Si on était une compagnie de fonds mutuels ou de gestion de patrimoine, on ne verrait pas la nomination d'un très bon œil.

Vous croyez que l'Industrielle n'est qu'une compagnie d'assurances? Pas tout à fait. On avait été surpris, il y a deux ans, lors d'une rencontre avec son président Yvon Charest, de constater combien l'Industrielle avait évolué au cours des dernières années. En 2009, la gestion du patrimoine individuelle représentait 22% du bénéfice d'exploitation de l'entreprise. En 2010, c'était 37%. L'an dernier, on était à 42%. Il y a un peu de contre-performance du secteur de l'assurance dans cela, mais c'est désormais une évidence, la société veut se transformer en institution financière.

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Ce qui, à bien y regarder, est sans doute la meilleure des stratégies. Le marché de l'assurance-vie est un marché aujourd'hui consolidé où il est difficile de trouver des acquisitions. C'est plus facile en gestion de fortune et les rendements y sont nettement meilleurs.

L'acquisition de Clément Gignac n'est certainement pas étrangère à cette stratégie.

Ancien ministre des ressources naturelles et homme de confiance de Jean Charest pour le Plan Nord, monsieur Gignac était pourtant peu connu du grand public. Réservé, il n'est pas fan des déclarations à l'emporte pièce. Certains avaient en outre remis en doute son jugement politique lorsqu'à la dernière élection il avait décidé de laisser le comté sûr de Margueritte-Bourgeois dans la région de Montréal (à 80% libéral) pour revenir dans sa région natale de Québec et tenté de ravir le comté d'Agnès Maltais.

Dans les milieux financiers, son nom évoque une toute autre réaction. Il est perçu comme l'un des meilleurs économistes et stratège au Québec et au Canada. Clément Gignac s'est principalement distingué à la Banque Nationale où il a passé la majeure partie de son parcours à la tête de l'équipe économique. Il a plus tard travaillé comme conseiller spécial au ministère des finances à Ottawa et est actuellement à la présidence du comité sur la compétitivité du Forum économique de Davos.

Monsieur Gignac s'occupera notamment des stratégies de pondération des fonds mutuels de l'Industrielle Alliance, ce qui devrait aider à leur popularité. Il ne serait pas étonnant non plus de le voir venir bonifier de ses commentaires les activités de l'équipe de valeurs mobilières de l'Industrielle.

Il n'aura évidemment pas le soutien d'équipes économiques aussi puissantes que celles de la Banque Nationale ou Desjardins. Mais quand même. Rome ne s'est pas bâtie en un jour. Et l'Industrielle vient aujourd'hui de poser un nouveau jalon important dans sa transformation.

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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