Pouliot - Qui rachètera MMA: Burkhardt ou les gouvernements?

Publié le 07/08/2013 à 22:10, mis à jour le 08/08/2013 à 15:47

Pouliot - Qui rachètera MMA: Burkhardt ou les gouvernements?

Publié le 07/08/2013 à 22:10, mis à jour le 08/08/2013 à 15:47

Ed Burkhardt, pdg de la MMA et de Rail World

BLOGUE (version 2). La décision de MMA Canada et de sa société mère américaine (MMAR) de recourir à la protection des tribunaux signale le début d'une nouvelle période d'émotions et de frustrations. Plusieurs victimes ne recevront qu'un dédommagement minimal (s'il y en a un), tandis que les gouvernements du Québec et du Canada devront payer au moins 200 M$ pour la décontamination. La situation donne à penser qu'Edward Burkhardt restera aux commandes, ce qui exacerbera la grogne. Et on peut même se demander s'il ne faudra pas subventionner le transport.

Voyons tout cela dans le détail.

Lourd fardeau en vue pour Québec et Ottawa

La requête judiciaire canadienne permet de voir que les créanciers de MMA Canada peuvent avoir en mire les actifs suivants:

-Une police d'assurance de 25 M$ US;

-Un chemin de fer de 17,384 M$ CAN

-Des liquidités et de comptes à recevoir de 590 000$.

Total: autour de 43 M$.

Certains diront que le chemin de fer peut valoir plus que ce qui est aux livres. C'est possible. Mais avec tout le flou réglementaire et les demandes de déviations de tracé, on peut aussi se demander si l'actif ne vaut pas moins que la valeur aux livres.

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Pendant ce temps, on peut voir pour près de 82 M$ de dettes, SANS COMPTER les réclamations liées au déraillement.

On notera que la Federal Railroad Administration (FRA), un organisme américain, a une créance garantie de 27,5 M$. On ne sait trop l'origine de cette créance. Puisqu'elle est garantie, elle passe théoriquement en premier, et il faudrait donc retrancher la valeur du chemin de fer. Mais Québec (et Ottawa) semblent avoir droit à une garantie environnementale pour la décontamination (évaluée à plus de 200 M$) sur l'immobilier qui passe en premier. La priorité porte que sur l'immobilier, mais pas sur les locomotives et le fonds de commerce. Il y aura sans doute ici de la négociation pour se partager la valeur des actifs.

Il ne reste donc plus pour les gouvernements et l'ensemble des créanciers que la police d'assurance de 25 M$ US.

Il n'est pas très clair ici comment cet argent pourra être partagé. Ne peut-il aller qu'aux victimes qui feront des réclamations? Ou doit-il plutôt être séparé parmi l'ensemble des réclamations? C'est une différence importante, qui pourrait donner lieu à un certain déb

On l'a dit, Québec et Ottawa sont au bâton pour au moins 200 M$. Ils se tiendront vraisemblablement à l'écart de l'assurance si elle doit être partagée parmi tous, histoire d'essayer d'en laisser un peu aux victimes. Mais, même à cela, il y a une dette de 43 M$ payable à la société mère américaine (que les créanciers US n'abandonneront pas), le résiduel qui sera dû à la FRA et une ligne de crédit de 6 M$ US…

Peu importe la force avec laquelle on chiquera la guenille, personne n'obtiendra grand-chose.

L'autre grande question: qui reprendra l'exploitation?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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