Port-Daniel: 100 M$ de trop, mais décision justifiée

Publié le 02/06/2014 à 14:37

Port-Daniel: 100 M$ de trop, mais décision justifiée

Publié le 02/06/2014 à 14:37


La décision de poursuivre le projet est-elle justifiée?

Il est assuré qu'elle ne fera pas l'affaire des autres cimentiers du Québec, et même de ceux du nord-est américain, territoire sur lequel doit principalement être vendu le ciment de McInnis.

Aux dernières nouvelles, les cimenteries québécoises tournaient à 60% de leur capacité. Et une étude commandée par l'industrie prévoit que l'industrie nord-américaine du ciment demeurera en situation de surcapacité jusque vers 2020-21. McInnis doit, elle, entrer en production à compter de 2016.

On peut comprendre les cimenteries d'ici de ne pas voir d'un bon œil l'arrivée de Port-Daniel. Même si McInnis dit ne viser que le nord-est américain et les maritimes, près de 30% du ciment québécois actuel prend la direction du nord-est américain.

Deux ou trois choses amènent cependant à juger pertinente la décision de Québec d'aller de l'avant.

Dans le contexte d'une éventuelle fusion Holcim-Lafarge, il est loin d'être assuré que les cimenteries québécoises seront de toute façon aussi nombreuses dans deux ou trois ans. Si une industrie ne fonctionne qu'à 60% de sa capacité, et que son principal marché (le Québec) ne donne pas signe d'une très grande reprise, il est probable qu'à la suite d'une fusion on préférera consolider la production dans les installations les plus performantes.

S'ajoute le fait que le principal acheteur de ciment au Québec, Béton Provincial, est réputé importer à peu près tout son ciment par bateau, parfois même de l'Asie.

Si l'Asie est capable de venir vendre du ciment de façon concurrentielle par bateau au Québec, on voit mal comment Port-Daniel, qui devrait être l'une des cimenteries les plus performantes du continent, ne serait pas en mesure de se tailler une place avec de bonnes marges sur le nord-est américain.

Dit autrement, Port-Daniel a peut-être effectivement le potentiel de faire disparaître un certain nombre d'emplois, mais, dans le contexte de la fusion Holcim-Lafarge, et celui d'un positionnement concurrentiel douteux de l'industrie, il a aussi celui d'en créer de solides pour remplacer ceux qui chancellent et risquent prochainement de tomber.

La décision du gouvernement semble la bonne.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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