Pétrole: où se dirige-t-on?

Publié le 06/02/2012 à 09:19, mis à jour le 06/02/2012 à 09:19

Pétrole: où se dirige-t-on?

Publié le 06/02/2012 à 09:19, mis à jour le 06/02/2012 à 09:19

Si la demande est bien moyenne, pourquoi le prix du pétrole est-il parti de 80 $ US, en septembre, pour grimper au niveau actuel ?

Certainement pas parce que la capacité mondiale est inapte à répondre à la demande. Elle en est tout à fait capable. BMO calculait au début de janvier que, pour y répondre en 2012, l'OPEP ne devrait augmenter sa production que de 100 000 barils par jour (b/j). Une goutte d'eau quand on sait qu'elle produit 30 M b/j et que sa capacité excédentaire est d'environ 4,7 M b/j.

L'explication de la hausse est en fait assez simple : le marché a peur.

Parce qu'ils craignent que l'offre ne vienne à se raréfier, les acheteurs pétroliers sont prêts à payer la prime demandée par les vendeurs. La grande crainte : l'Iran.

La décision de l'Union européenne de mettre en place un embargo pétrolier comme sanction à son armement nucléaire vient raviver les craintes. L'Iran a déjà menacé de bloquer le détroit d'Ormuz. S'il met sa menace à exécution, le prix du pétrole pourrait doubler du jour au lendemain.

Les craintes sont-elles justifiées ?

Pas tellement. L'Iran n'a pas vraiment avantage à bloquer le détroit. Il ne faudrait pas très longtemps avant que des forces armées coalisées y débarquent. Les derniers régimes qui se sont aventurés sur la voie de la défiance n'ont pas eu une fin heureuse.

Les relations de l'Iran ne sont pas si tendues avec certains pays, notamment avec l'Inde. Il y a fort à parier qu'elle tentera plutôt d'y rediriger sa production en vendant à escompte sur le prix du marché.

Pendant ce temps, l'Arabie saoudite a fait savoir qu'elle allait augmenter sa production afin de compenser les approvisionnements européens.

Évidemment, on peut décider de voir que les 600 000 à 700 000 barils par jour qui seront nécessaires pour relayer l'Iran viendront abaisser la flexibilité de l'OPEP à répondre à tout imprévu à partir de sa capacité excédentaire (4,7 M de barils).

On peut aussi cependant constater que, si les choses se déroulent normalement, il y aura bientôt plus de pétrole sur le marché, avec un acteur qui offrira de l'escompte.

La probabilité d'un recul semble plus élevée que celle d'une progression. Certains analystes estiment que les titres des pétrolières escomptent un prix du baril à 80 $ US. Ce qui laisse entendre qu'ils ne souffriraient pas nécessairement d'un recul. Mais quelque chose nous dit qu'un recul du prix du pétrole ferait aussi reculer les cours. Lorsque la marée baisse, généralement, tout baisse.

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francois.pouliot@tc.tc

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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