Le Bloc a-t-il un avenir?
Dans l'état actuel des choses, ça apparaît plutôt douteux. On n'enterrerait pas le parti, parce que cinq ans c'est long et qu'il peut toujours se présenter un charismatique sauveur dans trois ans. Mais, dans le meilleur des scénarios, il passera les prochaines années sur le respirateur artificiel, faute d'argent.
Si on était au Bloc, on proposerait l'abandon de l'idée de la souveraineté pour se concentrer uniquement sur le nationalisme québécois. Un nouveau parti social démocrate, qui défendrait les intérêts du Québec et se dirait prêt à gouverner en s'alliant à d'autres partis de même idéologie sociale. Il y aurait des compromis à faire, mais quelque chose nous dit que beaucoup plus de Québécois s'y retrouveraient et que les suffrages de l'élection de lundi auraient été passablement différents partout au pays.
Y aura-t-il un impact sur la scène provinciale?
Un collègue nous faisait remarquer ce matin que s'il était François Legault, il serait content. Et s'il était Pauline Marois et Jean Charest, il s'inquiéterait.
Il pourrait bien avoir raison. De la façon dont est structuré le nouveau parlement, le Québec apparaît ne plus y avoir beaucoup d'influence. Le grade des ministres québécois risque de ne pas être très élevé et, dans l'opposition, la ligne de parti du NPD devra être respectée.
On ne serait pas surpris d'assister dans quelque temps à une résurgence du nationalisme québécois. Et étant donné la faiblesse du Bloc, de voir le sentiment se transporter sur la scène provinciale.
Or, il pourrait bien y avoir de la place au Québec pour un parti nationaliste de centre, mais non souverainiste.
Un parti qui jouerait davantage sur la fierté identitaire que les libéraux, mais qui n'irait pas jusqu'à réclamer la sécession.
Évidemment, il faut un projet identitaire à construire.
Difficile?
Annoncez une refonte de votre système de l'éducation en créant un gros programme de financement pour une année ou deux d'études à l'étranger. Faîtes valoir qu'il s'agit de construire au Québec une société ou prédomine le français mais qui table sur une main-d'œuvre polyglotte. Que l'on fera ainsi du Québec un centre névralgique nord américain pour l'établissement de sièges sociaux nord américains et un exemple d'intégration pour les communautés d'immigrants. Bref, un nouveau modèle de développement économique et social qui n'existe pas ailleurs.
Vous aurez un projet de société à construire qui vous permettra de parler d'affirmation nationale d'une toute nouvelle façon. Par la création d'une richesse financière et sociale, plutôt que par la revendication.
Il n'est pas sûr que ce soit ce que monsieur Legault ait à l'esprit, ni qu'il soit le leader approprié, mais il n'est probablement pas malheureux du résultat de l'élection.
Le NPD a-t-il de l'avenir?