François Pouliot: contribuables, priez pour le retour des Nordiques

Publié le 11/02/2011 à 09:15, mis à jour le 11/02/2011 à 09:14

François Pouliot: contribuables, priez pour le retour des Nordiques

Publié le 11/02/2011 à 09:15, mis à jour le 11/02/2011 à 09:14

Le coût de base pour la Ville de Québec et le gouvernement

L'administration Labeaume adopte une approche financière assez intéressante. Elle va en quelque sorte récupérer le 200 M$ que lui coûte le Colisée en coupant pour l'équivalent (200 M$) dans ses dépenses administratives sur une dizaine d'années (2019).

Disons au passage que ça va brasser à l'hôtel de Ville. Le maire indique qu'il a récupéré 130 M$ depuis 2008, mais les premiers millions sont toujours plus faciles à récupérer que les suivants.

Restons sur le financement. Comme les travaux se dérouleront sur quelques années et que l'opération récupération sera entreprise, la Ville versera en quelques sorte un "cash down" de 62 M$. Ce qui laisse un emprunt 125 M$.

À un taux d'intérêt de 5% sur 20 ans, l'administration évalue que l'impact de l'emprunt entraînera environ 10 M$ de charges supplémentaires chaque année, qui représenteront 0,83% du budget.

La présentation est intéressante, mais ne reflète pas le véritable coût de la décision pour le budget de la Ville. Le nouvel amphithéâtre fait grimper les obligations financières de la Ville de 187 M$. On peut tout aussi bien décider d'affecter le 62 M$ de récupérations sur d'autres projets plutôt que sur celui du Colisée. Si les taux d'intérêt demeurent bel et bien à 5% (6% aurait été plus conservateur) l'impact annuel n'est pas de 10 M$ (0,83% du budget), mais de 15 M$ (1,25% du budget). Peu importe qu'on en fasse payer une partie par les employés de l'administration, c'est ce que ça coûte, 15 M$ par année.

Pour les contribuables du Québec, le coût est sans doute un peu moindre (la cote de crédit est supérieure), mais l'emprunt est un peu plus élevé. Sans doute aussi autour d'une quinzaine de millions $ par année.

Une parenthèse ici pour ceux qui seraient tentés de dire que le provincial récupère à peu près tout parce que Ottawa et Québec se sépareront entre 20 et 25 M$ d'impôts sur la masse salariale d'une éventuelle équipe. Cet argument n'a aucune pertinence au débat. L'argent qui va aux joueurs vient du milieu. Il serait en bonne partie différemment dépensé dans le milieu et tout de même récupéré en impôt. Les gouvernements ne font aucun gain ici, et font probablement même une perte puisque la plupart des joueurs résident généralement à l'extérieur de la province et se trouvent à drainer ailleurs l'argent qu'ils perçoivent ici.

Scénario de base donc: coûts annuels supplémentaires de 15 M$ (10 M$ pour les contribuables) pour la Ville de Québec et à peu près la même chose pour le gouvernement.

Le coût peut-il être moindre?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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