Fiera-Natcan: la grenouille et le boeuf

Publié le 28/02/2012 à 09:17, mis à jour le 28/02/2012 à 09:17

Fiera-Natcan: la grenouille et le boeuf

Publié le 28/02/2012 à 09:17, mis à jour le 28/02/2012 à 09:17

La première fois où l'on a entendu parler de la possibilité que Jean-Guy Desjardins prenne le contrôle de Natcan, on a souri. La filiale de la Banque Nationale est une entité à peu près de même envergure en termes d'actifs sous gestion, mais avec en apparence tellement plus de levier grâce à son réseau.

Eh bien lundi, Jean-Guy Desjardins a pris le contrôle de Natcan. Fiera Sceptre, l'entreprise qu'il contrôle, achète sa concurrente pour plus de 300 M$. Natcan est en partie payée en actions et détiendra un intérêt de 35-40% dans la nouvelle entreprise. Par le biais du multivotant, monsieur Desjardins demeure l'actionnaire contrôle.

Ce n'est pas la grenouille et le bœuf dans la réalité, mais dans les perceptions on n'en est pas loin.

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Comment Jean-Guy Desjardins en est-il venu à prendre le contrôle d'une filiale de la Nationale?

Réponse: grâce à la force de ses équipes de gestion.

Depuis quelques années, plusieurs des portefeuilles de Natcan avaient de la difficulté à livrer des rendements qui puissent attirer l'investisseur institutionnel. Même les courtiers de la Financière Banque Nationale étaient prudents face aux produits. Le taux de pénétration des fonds maisons était à 13-14% alors que le taux moyen de l'industrie est davantage à 17-20%.

La version officielle veut que les courtiers n'aimaient pas placer dans une entité contrôlée à 100% par la Banque en raison du risque d'une perception de conflit d'intérêt chez les clients. Ce n'est pas à exclure, mais pour connaître un peu l'industrie, on tablerait davantage sur le premier motif.

Pendant que les rendements de la Nationale manquaient de sex-appeal, les équipes de Fiera réussissaient à livrer des performances au-dessus de leurs indices de référence, et faisaient grimper l'actif sous gestion. Du côté institutionnel du moins.

Bien qu'elle excellait apparemment dans les obligations corporatives à haut rendement et les petites capitalisations, la Nationale n'avait apparemment pas la force de Fiera du côté des actions canadiennes, internationales, américaines, ni en revenus fixes et produits de couverture.

L'amalgame des deux sociétés vient renforcer l'expertise de gestion. Elle donne aux équipes de Fiera un meilleur accès à la clientèle de détail, alors que la Nationale devrait tenter de leur confier plus de fonds de ses épargnants. La Nationale gagne pendant ce temps en compétence et peut espérer davantage prospérer, notamment du côté de l'institutionnel. Sa participation n'est que de 35-40%, mais il vaut mieux avoir 35-40% de quelque chose qui avance plutôt que 100% de quelque chose qui stagne.

Qui plus est, les économies d'échelle réalisées par la mise en commun de ressources devraient permettre une meilleure rentabilité.

Bon pour Montréal?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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