Affaire Bolduc: l'attaque déplacée contre M. Castonguay

Publié le 09/07/2014 à 20:11

Affaire Bolduc: l'attaque déplacée contre M. Castonguay

Publié le 09/07/2014 à 20:11


Le point névralgique de l'affaire

La faute de monsieur Bolduc réside dans ce qui suit.

Le programme d'incitation fournissant entre 100$ et 200$ par patient a été créé afin d'amener des médecins ayant des patients à en prendre davantage. Il s'agissait à l'époque d'ajouter quelque chose comme entre 100 et 150 patients à la liste de suivi d'un médecin. Un ajout de 10 à 15% par rapport à la moyenne québécoise de patients suivis par médecin (1100).

Le problème est que monsieur Bolduc a utilisé un programme destiné à convaincre les médecins d'alourdir leur tâche de 10-15% pour plutôt se construire à bonis 100% d'une clientèle.

Il est vrai que le but la politique (un ajout de 100-150 patients plutôt que la construction de 100% d'une clientèle) n'était pas écrit en toutes lettres dans celle-ci. La limite de patients éligibles au bonus n'a été portée à 150 qu'après les faits.

Même avant les précisions, il restait néanmoins évident que l'intention du programme n'était pas d'encourager la construction d'une clientèle importante et son abandon quasi-simultané. Comment le gouvernement aurait-il pu en effet espérer régler son problème de médecins de famille en donnant une prime pour 1500 patients et en autorisant leur abandon un an plus tard?

Monsieur Bolduc pouvait difficilement ne pas être conscient de la chose puisque c'est sous sa férule qu'a été élaboré le programme. Il était aussi bien placé pour apprécier le risque d'abandon de sa clientèle et pouvait choisir de ne pas s'y exposer en ne réclamant pas la prime.

Il a choisi de courir ce risque et nous sommes aujourd'hui dans une situation d'abus de système.

Un parlementaire qui abuse du système, abuse de la confiance du public. Un parlementaire qui abuse de la confiance du public ne peut rester en fonction.

Il commence à se faire tard pour que monsieur Bolduc admette qu'il n'avait pas réalisé qu'en exploitant comme il l'a fait la brèche du programme il abusait de la confiance du publique et répare sa faute en remboursant les 215 000$ qu'il a reçus en prime. En fait, c'est probablement maintenant inacceptable.

Il est cependant encore temps pour monsieur Barrette de changer son focus, réfléchir plus longuement, et conclure que Claude Castonguay ne tient pas un discours scandaleux lorsqu'il fait allusion à une petite manœuvre qui tente d'en obtenir le plus possible du trésor public.

Il est important pour lui de faire la distinction entre la décision de monsieur Bolduc de retourner à la pratique (une décision louable, qui peut peut-être se défendre dans son ampleur) et celle d'accepter la prime. La discussion ne porte que sur la prime.

Monsieur Castonguay pèche peut-être en faisant un lien avec la Commission Charbonneau, mais monsieur Barrette pèche assurément, et bien davantage, en chargeant avec désinvolture un citoyen qui, heureusement pour l'intérêt public, n'a pas encore pris sa retraite.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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