Bourses: on est plus près du creux, mais le mouvement baissier n'est pas fini

Publié le 20/01/2016 à 16:18

Bourses: on est plus près du creux, mais le mouvement baissier n'est pas fini

Publié le 20/01/2016 à 16:18

(Photo: Bloomberg)

Quand le mouvement baissier emporte toute la planète et que seuls l’or et les obligations s’apprécient, on sait qu’on est tombé dans une spirale de peur.

Le pessimisme nourrit le pessimisme puisque toutes les classes d’actif sont plus interconnectées que jamais, si bien qu’un nouveau recul du pétrole fait tomber toutes les Bourses.

C’est justement pendant la chute de 7% du baril de pétrole West Texas et de 566 points du Dow Jones que j’ai fait appel à André Chabot, président de Gestion de portefeuille Triasima, parce que son approche quantitative et fondamentale l’a bien servi dans le passé, notamment lors de la crise de 2008.

M. Chabot avait déjà préparé ses portefeuilles à un mouvement baissier, mais l’ampleur de la chute des cours le surprend tout de même.

Même s’il croit que les États-Unis éviteront la récession et que le « sentiment » négatif des investisseurs atteint des niveaux extrêmes, M. Chabot reste sur ses positions.

 


« Il est encore trop tôt pour acheter plus d’actions. Le sentiment est uniformément négatif. On ne se met pas devant un train »

Ses portefeuilles ont plus d’encaisse et des titres « défensifs » depuis 16 mois au Canada et depuis trois mois aux États-Unis.

Sa stratégie à court terme consiste donc à laisser la tempête passer en limitant les dégâts, tant que ses modèles lui diront d’attendre.

Avec des portefeuilles 20% moins volatils que les indices, une baisse de 10% est réduite à 8%, donne-t-il en exemple. Et si le mandat du client permet de détenir une encaisse de 10 à 20%, la baisse diminue davantage.

«C’est sûr qu’on est plus proche du creux qu’avant. Les titres américains à grande capitalisation, les derniers à flancher dans un mouvement baissier, sont peut-être en train de rejoindre la chute médiane de 24% des titres du S&P 500», dit-il.

Ses modèles de « sentiment » et de tendance indiquent encore que le mouvement baissier n’est pas fini. Les prévisions de bénéfices par exemple baissent encore.

Et si l’économie américaine tombait en récession, le S&P 500 pourrait très bien perdre un autre 15%.

Le gestionnaire reste tout de même assez confiant que les États-Unis escamoteront une récession grâce à la diversité de leur économie qui exporte peu.

L’emploi et la reprise immobilière devraient notamment soutenir la consommation.

Le S&P/TSX déjà décimé

Au Canada, il y a tant de titres décimés que l’indice S&P/TSX est sans doute plus proche de son creux.

Le tiers des titres s’échangent sous leur valeur comptable et le quart des titres versent un dividende de plus de 5,4%, un niveau rarement atteint depuis 30 ans.

Les investisseurs ont incorporé la possibilité que le Canada retombe en récession au début de 2016.

Le pays n’est pas sorti du bois, car en plus de ralentir la Chine veut migrer vers une économie de services moins gourmande en ressources naturelles.

En plus, nos exportations bénéficient moins qu’avant de la dépréciation du huard parce que notre secteur manufacturier est moins concurrentiel que celui du Mexique.

La croissance est aussi freinée par l’endettement des ménages et la cherté du parc immobilier.

«Le marché boursier se cherche un plancher. Ce processus peut prendre du temps et inclure des rebonds, mais la tendance baissière doit se stabiliser avant qu’on revienne en Bourse», explique le gestionnaire qui module ses portefeuilles en fonction d’un horizon de six mois.

«Ça ne nous dérange pas de manquer les premiers rebonds. Ce qui compte c’est de capter la majorité de la prochaine hausse», ajoute-t-il.

Le pétrole sous son coût de remplacement

Le pétrole aussi est tombé sous son coût de remplacement, mais ce sont les investisseurs qui dictent la tendance à court terme.

«Je trouve un peu ridicule tout le bruit qui est fait autour de la révolution des autos électriques. Ce n’est pas d’hier que la consommation du pétrole recule, dans les pays avancés. Le nombre de barils par million de dollars d’activité économique baisse depuis 1974. Ça n’empêche pas la consommation globale d’augmenter», confie-t-il.

Lorsque ce sera le temps de revenir aux actions, M. Chabot compte investir au Canada où le mouvement de rebond sera plus prononcé et en Europe où la reprise émergente devrait reprendre son cours.

M. Chabot aime toujours autant les actions américaines, compte tenu de la modération récente de leur évaluation, mais ce marché est déjà bien représenté dans ses portefeuilles depuis quatre ans.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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