Attentats: pourquoi les marchés restent-ils si calmes?

Publié le 16/11/2015 à 16:05

Attentats: pourquoi les marchés restent-ils si calmes?

Publié le 16/11/2015 à 16:05

(Photo: Bloomberg)

À la vue des indices boursiers ce lundi, on peut penser que les marchés sont sans cœur, après les attentats meurtriers de Paris et la menace d’autres attaques en Europe et aux États-Unis.

Même l’indice français CAC 40 a récupéré presque toutes les pertes de 1,2% essuyées en cours de séance, pour terminer inchangé.

À part le recul des titres de l’industrie du tourisme, ainsi que la hausse de ceux du secteur de la défense, les marchés réagissent en effet bien peu au drame parisien.

Le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq ont connu leur meilleure scéance en trois semaines, avec un rebond de 1,1 à 1,5%. Ces trois indices ont effacé la moitié du recul de la semaine dernière.

À Toronto, le rebond de 3% du pétrole a soulevé l'indice S&P/TSX de 1,8%.

L’indice de volatilité VIX, aussi baptisé le baromètre de la peur, a grimpé au-dessus jusqu’à 20 pour la première fois depuis le mois d’août, tôt ce matin, mais on est encore très loin de la pointe de 59 connue lors de la crise financière de 2008.

Comment expliquer un tel calme face à des évènements aussi tragiques?

Il semble que 14 ans après les attentats de New York qui avaient fait 3000 morts, les investisseurs sont en quelque sorte conditionnés et s'attendent à ce que les marchés se ressaisissent rapidement, comme ils l'ont fait après tant de chocs et d'attentats, ces dernières années.

«Malheureusement, nous avons vécu de tels drames à maintes reprises et l’expérience passée suggère non seulement que l’effet de tels chocs sur les marchés est de courte durée, mais que leur impact économique est aussi assez limité», explique en entrevue Andrew Cunningham, économiste londonien de Capital Economics.

C’est ce que démontrent les quatre graphiques boursiers mis en ligne par MarketWatch, couvrant l’attentat du marathon de Boston en 2013, celui du métro de Londres en 2005, celui du train de Madrid en 2004 et les attaques au World Trade Centre de New York, en 2001.

Trop tôt pour mesurer les répercussions politiques

L’impact des attentats risque de se faire sentir davantage dans la sphère politique, mais les répercussions potentielles sont encore trop diffuses ou étalées dans le temps pour que les marchés puissent en prendre la mesure, ajoute M. Cunningham.

Les contrôles aux frontières, la montée des partis de la droite, l’opposition à l’accueil de réfugiés ou à la libre circulation des personnes entre les 26 pays de Schengen mettront sans doute à l’épreuve l’intégration européenne, mais il est prématuré pour les marchés d’attribuer une valeur quelconque à des scénarios que M. Cunningham juge lui-même improbables.

«Le parcours de ce marché haussier depuis 2009 est marqué d'une série de replis qui sont ensuite suivis de mouvements de rebond lorsque le pire n’arrive pas», rappelle aussi Ed Yardeni, économiste américain et président de sa propre firme de recherche.

Évidemment, si les attentats se multipliaient au point de paralyser le tourisme et la consommation en Occident, l’économie mondiale déjà fragile pourrait tomber en récession.

Déjà, le gouvernement de François Hollande a prévenu de déficits plus importants que prévu à cause des nouvelles dépenses de la lutte au terrorisme.

Et si c’était le cas, les investisseurs se tourneraient alors encore une fois vers les banques centrales pour insuffler une nouvelle dose d’oxygène aux marchés en abaissant leurs taux ou en rachetant des obligations, répètent la plupart des commentateurs.

Le 3 décembre, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne devrait prolonger et étendre la portée de son programme de rachat d’obligations, tandis que les probabilités que la Fed hausse son taux directeur de 25 points pour la première fois le 16 décembre ont diminué de 72 à 68%, depuis le 6 novembre.

 

 

 

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La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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