L'événement-bénéfice "Chapeau Mont-Royal", au chalet de la montagne
Ce midi, j'ai assisté à la seconde édition de l'événement "Chapeau Mont-Royal". Il s'agit d'un des deux événements annuels organisés par "Les amis de la montagne" pour amasser des fonds pour la conservation du Mont-Royal. L'autre est "La célébration des tuques bleues", qui consiste en l'ascension de la montagne, le soir, en raquettes.
Des événement-bénéfice, il y en a beaucoup. Trop. Les Affaires en parle d'ailleurs dans sa manchette de cette semaine, portant sur le secteur communautaire. Les donateurs aussi bien que les organisateurs souffrent de la "fatigue des causes". De septembre à juin, soir après soir, les galas se succèdent. Et, plus on approche des grandes vacances, plus le rythme s'accélère. Montréal a beau être une métropole, on finit par croiser les mêmes visages. Dans la salle comme sur la scène. Un homme ou une femme d'affaires est "à la mode"? Il ou elle présidera plusieurs campagnes au cours de la même année. Mais est-ce la meilleure formule?
Françoise E. Lyon, la présidente de la 2e édition de "Chapeau Mont-Royal", débute dans le monde de la levée de fonds. La jeune quarantenaire en est à sa troisième présidence de campagne. En 2013, elle a présidé celle de la Fondation Lise Watier, Puis, celle de la Fondation Eulalie-Durocher, de son alma mater, le collège Durocher, de Saint-Lambert. Elle a aussi refusé une présidence de campagne, "qui ne correspondait pas à mes intérêts ni à mes causes".
Françoise E.Lyon est une vedette montante de la finance montréalaise. Elle est première vp chez le gestionnaire de portefeuille Pembroke. "On commence à me solliciiter pour présider des événements-bénéfice, dit-ellle. Avant , je n'avais pas le réseau nécessaire pour occuper de telles fonctions." Même si elle en est à ses premières armes, Françoise E. Lyon a vite compris dans quel univers elle mettait le pied. Et elle s'est donnée des règles pour ne pas perdre pied. Voici ce que je retiens de notre conversation au belvédère du Mont-Royal.
3 conseils pour les présidents de campagne
1- Évitez de solliciter vos clients, cela pourrait compliquer votre relation d'affaires. Approchez plutôt vos fournisseurs, si vous en avez, ou vos autres connaissances et amis;
2- n'acceptez aucun mandat avant d'avoir "expérimenté" le produit ou le service pour lequel on vous demande d'amasser des fonds. Rencontrez des bénéficiaires et des employés de l'organisme, pas seulement la direction.
3- faites preuve de discernement et de cohérence. Choisissez des causes arrimées à vos valeurs/intérêts/hobbys. Vous êtes une marque. Nous sommes tous des marques. Demandez-vous si on trouvera logique que vous soyez associé à tel ou tel organisme. Françoise E. Lyon est une mordue de jardinage. S'associer à la conservation du Mont-Royal est logique aux yeux de tous ceux qui la connaissent.
3 conseils pour les organisateurs d'événements
1- Voyez loin, ne recrutez pas simplement une "machine à amasser des fonds". Cherchez d'abord un ambassadeur ("advocate") de votre cause. Cela vous mènera bien plus loin. Car, au-delà de l'argent, il y a le capital-sympathie;
2- ne visez pas toujours les gros donateurs. Certaines causes requièrent davantage un vaste soutien populaire. "Le Mont-Royal appartient à tous, explique Françoise E.Lyon. Nous avons besoin de la pression de toute la communauté pour le préserver. Il est plus stratégique de recueillir plusieurs centaines de petits dons que quelques gros dons. D'où la pertinence que l'événement "Chapeau Mont-Royal" se déroule le midi. Le prix des billets est donc plus bas (250$ contre 500$ ou plus) que s'il s'agissait d'un gala." Il en serait autrement d'une activité-bénéfice pour la recherche sur le cancer où quelques gros dons font tout à fait l'affaire;
3- prenez garde que votre événement n'occulte pas votre cause. Certains organisateurs mettent tant d'emphase sur le côté spectacle que la cause n'a plus aucune place. L'événement doit servir de levier à la cause. Parfois, la simplicité convient tout à fait. "Chapeau Mont-Royal" était un lunch au chalet du Mont-Royal, tout simplement. Pas de chanteur ni de numéro de cirque.
