Le savoir comme moteur de l'économie


Édition du 11 Juillet 2015

Le savoir comme moteur de l'économie


Édition du 11 Juillet 2015

L'école au travail

Parallèlement à ces initiatives, il est de plus en plus difficile d'embaucher des spécialistes. La plupart des dirigeants et des entrepreneurs dont je fais partie sont confrontés quotidiennement à cette réalité. Mais doit-on compter uniquement sur le gouvernement pour rectifier la situation ?

J'aurais tendance à miser sur une de nos plus grandes richesses, nos immigrants, et de les accompagner en mettant en place des formations qui leur serviront tout au long de leur vie.

La société de jeux vidéo Electronic Arts rivalise d'ingéniosité pour favoriser l'intégration du personnel immigrant dans son milieu de travail. La formation linguistique est loin de se limiter au cours magistral. L'entreprise offre des ordinateurs équipés de logiciels d'apprentissage des langues. Elle organise des jeux de société en français entre ses employés. Elle encourage le mentorat linguistique entre les travailleurs, étend aux conjoints et aux enfants des employés son offre de cours de français, diffuse par courriel des expressions typiquement québécoises. Elle a même mis sur pied des clubs de discussion où les membres se rencontrent chaque mois pour échanger sur une télésérie québécoise qu'ils ont suivie ou sur un livre québécois qu'ils ont lu. Au-delà du simple objectif d'entreprise, Electronic Arts a fait de l'apprentissage du français un pilier de sa culture, un plaisir rassembleur.

On trouve la même ambition chez Meubles Concordia, un fabricant de mobilier montréalais. Chaque vendredi après-midi, les employés quittent l'usine. Si certains rentrent à la maison, d'autres restent au travail pour parfaire leurs connaissances. L'entreprise soutient non seulement le personnel immigrant dans son apprentissage du français, mais aussi dans l'obtention de certificats techniques et de diplômes d'études secondaires ou collégiales. Des employés qui comprenaient tout juste le français il y a quelques mois parviennent ainsi à décrocher l'équivalent d'un diplôme d'études professionnelles. Tout le monde gagne, y compris l'entreprise : moins d'erreurs en raison de directives mal comprises, motivation accrue, diminution du taux de roulement, main-d'oeuvre plus qualifiée, réduction de l'absentéisme...

Le Québec ne pourra pas redresser son économie sans passer par la case savoir. Je ne parle pas ici de chiffres faussement éloquents ou de diplômes bidon. Je parle d'un souci sérieux de compétence, tant sur le plan technique que sur le plan linguistique. Une révolution qui sera accomplie par le gouvernement, oui, mais aussi et surtout par les dirigeants, les entrepreneurs et les citoyens.

Nivelons par le haut. Investissons dans l'éducation, puis dans la formation de nos travailleurs. Donnons-nous les moyens de nos ambitions grâce à des programmes adaptés de formation en entreprise. Valorisons la langue française, non seulement parce qu'il s'agit d'une dimension de notre héritage culturel, mais aussi parce qu'elle est un atout commercial précieux. Adoptons le plurilinguisme au lieu de le craindre. Améliorons l'apprentissage de l'anglais, bien sûr, mais aussi celui de l'espagnol, de l'allemand, du portugais, du mandarin, pourquoi pas ! C'est à cette condition unique que la province saura relever ses défis économiques.

En guise de conclusion, je vous propose de méditer les paroles du président américain Thomas Woodrow Wilson : «Si vous pensez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance».

À suivre dans notre numéro du 15 août