Conclure des transactions par l’intermédiaire de Kijiji est une expérience, que vous soyez vendeur ou acheteur. Ce petit négoce, en plus de faire circuler les biens usagés, représente une belle occasion de constater la diversité qui règne parmi le genre humain. Et d’exercer sa patience.

Une amie a magasiné une voiture d’occasion sur le site de petites annonces, l’automne dernier. Ses péripéties ont failli la mener vers la crise de nerfs.

Le tout commence bien sûr par tous ceux qui, bien qu’ayant conclu leur vente depuis plusieurs jours, ne retirent pas leur annonce. C’est à se demander si ces personnes ne recherchent pas des amis, car il me semble que la principale motivation pour clore la vente au plus vite, ce n’est pas de voir disparaître l’auto de ta cour et d’encaisser l’argent, mais que les étrangers cessent de laisser des messages sur ton cellulaire.

On trouve également ces vendeurs qui ne maîtrisent pas l’art de rédiger une petite annonce.

Mon amie a réussi à tomber sur un type dont l’annonce était au contraire détaillée et intéressante, mais qui ne voulait pas qu’elle se rende chez lui pour l’essai routier. Il préférait lui donner un rendez-vous dans le stationnement d’un Tim Hortons. Après quelques recherches, il s’est avéré que le type, un peu louche, avait plusieurs voitures à vendre dans sa cour. Il s’agissait d’un revendeur de voitures accidentées qui se faisait passer pour un grand-papa qui bichonnait son char.

Suivez-moi sur Twitter / Pour lire mes billets précédents

La palme revient quand même à celui qui, afin d’élargir le bassin d’acheteurs potentiels, s’annonçait à Blainville alors qu’il habitait en réalité à St-Jérôme. Il apportera cette «petite» précision alors que l’intéressée roule en direction de chez lui, sur la 15. «Ouin, c’est un peu dépassé Blainville en fait. C’est à St-Jérôme».

S’il a pu être approximatif avec une marge de 20 kilomètres sur le lieu du rendez-vous, imaginez pour le reste. Il affirmait avoir été l’unique propriétaire de la Toyota Yaris, mais a omis de dire qu’il avait acquis une voiture de courtoisie du concessionnaire et que le véhicule avait principalement été utilisé durant cinq ans par ses trois adolescents pour se rendre au Cégep.

Financièrement, l’achat d’une voiture d’occasion est un choix intelligent considérant qu’un véhicule neuf perd une grande partie de sa valeur durant les trois premières années. Toutefois, il faut reconnaître que le marché de la revente est peuplé de vendeurs douteux.

L’achat d’un véhicule usagé est plus complexe que celui d’un mobilier de salle à dîner de seconde main. Pour un profane (comme moi), il est difficile de juger de l’état de qui se trouve sous la carrosserie d’une auto. Un p’tit coup de pied sur les pneus ne suffit pas, pas plus qu’un essai routier dont le but est avant tout d’apprécier le confort, la conduite et la tenue de route.

Évidemment, pour dégoter la bonne affaire sans craindre de devoir se ruiner en réparation, l’acheteur devra d’abord rechercher une voiture dont l’historique du modèle témoigne de sa fiabilité.

Si l’acheteur de voiture neuve a intérêt à acquérir une voiture dont la valeur de revente reste élevée, ce n’est pas nécessairement le cas quand on achète une voiture d’occasion. Les Honda, particulièrement la Fit, conservent une valeur de revente élevée. La voiture est fiable, la finition est soignée, mais son prix sur le marché de la revente s’explique aussi parce qu’elle est plus rare et est en forte demande. Un acheteur fera sans doute une meilleure affaire avec un modèle Hyundai de la même catégorie, dont la fiabilité s’approche maintenant des japonaises.

Attendez… suis-je en train de vous parler de char?

Poursuivons l’anecdote de l’amie. Je l’ai accompagnée pour l’essai routier de la voiture, une autre Yaris, sur laquelle elle allait jeter son dévolu. Cela m’a permis de faire la rencontre d’un vendeur sérieux. Exemplaire.

Nous avons pu tester la voiture sur l’autoroute et dans les rues de la ville. Assis à l’arrière, il nous a invités à tester brusquement les freins et à appuyer sur le champignon quand c’était possible.

Mais le plus impressionnant, c’est qu’il avait consigné toutes les réparations effectuées sur la voiture, avec les factures et les garanties réunies dans un sachet en plastique. Eh bien entendu, il a laissé la voiture à l’éventuelle acquéreuse pour faire vérifier la mécanique chez le spécialiste de son choix.

Le mécanicien a détecté une pièce qui suintait (ne me demander pas c’est quoi!), symptôme d’un souci mineur, mais qui mérite une attention. La nouvelle a décontenancé le vendeur, qui a traité sa Yaris comme son troisième enfant. Tourmenté, il était plus attristé du fait de constater qu’il avait failli à conserver sa voiture dans un état impeccable que de concéder une réduction de 500$ sur le prix déjà chaudement négocié.

D’ailleurs, c’est non sans peine qu’il laissait aller sa voiture.

Une rencontre charmante finalement et une transaction mutuellement satisfaisante. On se serait crus dans un film de Disney. 

***

Conseils en vrac:

Le kilométrage est ce qui pèse le plus sur le prix, encore plus sur les modèles américains.

Apprenez à conduire une voiture munie d’une transmission manuelle, vous paierez moins cher.

Si vous n’êtes pas trop exigeant sur la couleur, vous ferez des économies

Vérifier sur le site de Canadian Black Book pour vous faire une idée de la valeur de revente du modèle de véhicule que vous lorgnez.

Vérifiez que le véhicule convoité est libre de dettes sur le site au Régistre des droits personnels et réels mobiliers (il y a des frais, mais ce pourrait vous éviter de mauvaises surprises).

Le site Carproof peut vous permettre de savoir une voiture a été volée, accidentée ou dont l’odomètre a été trafiqué. Mais l’information n’est pas garantie, malgré les frais exigés.

L’essai routier et l’inspection mécanique sont incontournables.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents