Mooney: La différence mortelle entre dette et actif

Publié le 18/10/2012 à 09:05

Mooney: La différence mortelle entre dette et actif

Publié le 18/10/2012 à 09:05

BLOGUE. Selon les plus récentes données publiées par Statistique Canada (dans le cadre de la révision historique des comptes du bilan national), les Canadiens avaient au 30 juin 2012, une dette représentant 165% de leur revenu disponible. C’est une augmentation d’environ 10% par rapport à ce qui avait été précédemment publié.

Par contre, la valeur nette des ménages a augmenté plus que la dette a augmenté, diminuant le ratio d’endettement. La dette atteint ainsi environ 24% de la valeur nette des Canadiens, en baisse de 1,2% par rapport à ce qui avait été publié auparavant. Aux États-Unis, la dette représente 27% de la valeur nette, ce qui est plus élevé qu’au Canada.

Un ratio de 24% signifie qu’un foyer canadien qui a une valeur nette de 100 000$ (l’actif total moins la dette totale), a une dette de 24 000$. Sur cette base, on pourrait se réjouir et avancer que nous ne sommes pas si endettés...Ouais, je n’en suis pas certain.

Sur une base absolue, l’endettement à 165% du revenu disponible est dans une zéro dangereuse. Par exemple, aux États-Unis, ce ratio était dans les 165% en 2007, tout juste avant la récession et la crise financière. Il a fondu depuis à 140%, niveau pas vu depuis 2004. En fait, il y a des différences importantes avec la situation américaine. Il faut ainsi tenir compte du fait que lorsqu’on calcule leur ratio d’endettement par rapport à leur avoir net, c’est après l’écroulement du marché immobilier, qui a frappé la valeur de leur principal actif, d’au moins 30%.

Ce n’est pas le cas ici. Les Canadiens ont certes été frappés par la crise financière en voyant notamment la valeur de leur portefeuille boursier baisser. Par contre, le marché immobilier a tenu le coup et les prix immobiliers se retrouvent quatre ans plus tard encore plus élevés qu’avant la récession.

De plus, les tendances sont nettement divergentes. Aux États-Unis, les Américains ont vraiment réduit significativement leur dépendance au crédit. Ce qui n’est pas le cas ici alors que les Canadiens continuent d’ajouter à leur endettement.

Le moment de vérité sera lors de la prochaine récession. C’est à ce moment que ces ratios financiers prendront réalité. Le résultat pourrait être assez laid. Car quand ça commence à aller mal, je peux vous dire que la valeur de nos actifs peut fondre comme beurre au soleil. Et curieusement (hum, pas si curieusement en fait), la valeur de nos dettes elle ne suit pas la même tendance. Elle ne diminue pas tout simplement parce qu’on vient de perdre notre emploi ou que l’économie est en récession. C’est la grande différence entre actif et dette.

C’est pour cela que plus on avance dans un cycle économique, autant les individus que les entreprises (et les gouvernements aussi!) devraient réduire leur endettement, à la fois sur une base absolue et par rapport à leur valeur nette. C’est une saine et intelligente gestion. Ce n’est pas ce que font les Canadiens, loin de là. Et à long terme, il y aura un prix à payer pour cela.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.