Mooney: «Ça va faire rouler l'économie»

Publié le 07/11/2012 à 09:40, mis à jour le 07/11/2012 à 09:40

Mooney: «Ça va faire rouler l'économie»

Publié le 07/11/2012 à 09:40, mis à jour le 07/11/2012 à 09:40

BLOGUE. Bien des idées qui semblent sensées à première vue ne tiennent pas la route si on les examine attentivement. Et plusieurs de ces idées concernent l’économie.

Par exemple, récemment, j’ai été témoin d’une conversation entre amis au lendemain de la dévastatrice tempête Sandy. Tout le monde y allait de son commentaire jusqu’à ce qu’une personne lance, comme pour montrer le bon côté de cette catastrophe, «Au moins,ça va faire rouler l’économie...».

J’ai sursauté car, même si je sais que c’est un préjugé tenace, c’est profondément stupide. En un mot, bien des gens croient que les investissements consacrés à reconstruire après un désastre naturel comme un ouragan à la Sandy contribuent à stimuler la croissance économique.

Et à première vue, ça semble sensé. On évalue les dommages provoqués par Sandy à entre 10 et 30G$US (l’écart démontre le grand niveau d’incertitude). C’est donc autant d’argent qu’il faudra dépenser pour reconstruire. Cela signifie des contrats à de nombreuses sociétés qui embaucheront des milliers de personnes pour réaliser les travaux.

Sauf qu’une économie n’est pas un vase clos. La réalité économique c’est que l’argent et les capitaux qui seront consacrés à reconstruire sur la côte-est américaine seront autant de ressources qui ne seront pas investies ailleurs. Le gain net : prêt de zéro, tous les autres facteurs étant égaux.

Et c’est normal. Car si vous y pensez comme il faut, si cela n’était pas ainsi, la recette miracle de la croissance élevée serait de détruire systématiquement des parties de villes et d’infrastructures. Pour avoir une description détaillée de ce mythe, je vous recommande chaudement de lire la parabole «La vitre cassée» écrite par Frédéric Bastiat, un des plus grands économistes de tous les temps, dans son livre «Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas». M. Bastiat explique avec brio pourquoi le petit voyou qui brise une vitre ne contribue pas à «faire rouler l’économie». Il ne fait que détourner des capitaux de la victive du bris vers le vitrier.

De même, lorsqu'un gouvernement verse de l'argent à un secteur pour l'aider, il ne fait que prendre aux autres segments de l'économie. Le gain net est de zéro, sauf pour les politiciens qui reçoivent les bravos du secteur aidé alors que les autres n'y voient rien.

Dans ce sens, l’économie ressemble à bien des niveaux au monde de la physique dont une des lois fondamentales est «rien ne se perd, rien ne se crée». 

Le moteur de la croissance économique n’est donc pas la destruction, mais bien la productivité et l’augmentation de la population.

Bernard Mooney

 

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