Mooney: Apprendre n'est pas automatique

Publié le 20/06/2013 à 09:29

Mooney: Apprendre n'est pas automatique

Publié le 20/06/2013 à 09:29

BLOGUE. Investir en Bourse est une activité qui a bien des caractéristiques contre-intuitives. Par exemple, l’erreur et la possibilité de se tromper font partie de la vie quotidienne de l’investisseur.

En effet, dès que vous achetez un titre, ses fluctuations vous envoient des messages que vous pouvez interpréter comme des signaux que vous avez fait une erreur.

De plus, sur un portefeuille de 10 titres, il est normal pour l’investisseur à long terme d’avoir trois titres perdants et sept qui font bien. Cela peut même aller jusqu’à 50% de perdants, selon la façon d’investir.

Et malgré ce taux d’erreur, il est possible de s’enrichir, si on gère bien son capital. Ce qui signifie reconnaître ses erreurs le plus tôt possible et conserver ses gagnants longtemps.

Ce qui m’amène à la phrase qui tue : se tromper, ce n’est pas grave pourvu qu’on apprenne de nos erreurs.

Pourquoi dis-je que c’est une phrase qui tue? Parce qu’elle est tellement répétée qu’elle est devenue un cliché dangereux. Je l’ai écrit à maintes reprises, laissant miroiter aux lecteurs qu’il était pratiquement joyeux de se tromper puisqu’on apprenait.

Ainsi, le cycle vertueux suivant : on investit, on fait des erreurs, on apprend, on investit mieux et on fait de l’argent.

Lorsqu’on fait la promotion d’une telle idée, on oublie un détail important : apprendre n’est pas automatique, c’est même contre nature!

Combien d’investisseurs ont perdu 70% et plus de leur portefeuille lors de l’éclatement de la bulle techno en 2000-02 pour subir un autre krach en 2008-09 lors de la crise financière?

Je n’ai pas de données précises, mais je sais qu’ils sont nombreux dans cette situation. Je sais aussi que bien de ces investisseurs s’étaient jurés au début des années 2000 de ne plus jamais se faire prendre par la Bourse. Ouf.

En fait, il y a une certaine catégorie de gens pour qui apprendre dans le contexte boursier, est pratiquement impossible. Je sais que c’est une affirmation forte, mais comment expliquez-vous ce genre de personnages ?

J’ai rencontré plusieurs personnes comme cet ancien dirigeant d’une firme de courtage québécoise que j’ai connu à mes débuts au journal en 1986. La personne avait maintenant plus de 65 ans et travaillait encore dans l’industrie pour une petite firme peu connue.

Sur le coup, j’ai trouvé cela admirable que ce financier continuait de travailler. Il m’avait dit qu’il ne se voyait pas à rien faire sur une plage.

Sauf que j’ai appris dans les jours qui ont suivi que cette personne n’avait pas vraiment le choix de travailler. Elle avait perdu trop d’argent en 2008-09, après avoir pratiquement tout perdu en 2000-02 et aussi lors du krach de 1987!

En passant, si vous parlez à ce financier, vous serez charmé par sa prestance et par sa grande connaissance des marchés. Vous tomberez tellement sous le charme que vous serez convaincu d’être entre bons mains.

Mais c’est un mauvais investisseur qui n’a jamais vraiment compris comment fonctionne la Bourse. Malgré de nombreuses dégringolades, il n’a jamais appris, jamais.

Pourquoi? Parce qu’apprendre nécessite un travail éprouvant qui commence par remettre en cause ses idées reçues. Il faut du temps, de la réflexion, de l’énergie, du doute, des inquiétudes, de l’introspection pour apprendre vraiment.

Si vous croyez qu’apprendre est automatique ou facile, vous n’apprendrez jamais et vous serez condamné à répéter les mêmes erreurs année après année, cycle après cycle, vous terrant dans les faire-croire pour être capable de vous regarder dans le miroir!

Bernard Mooney

 

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