Mooney: Amazon et une leçon d'évaluation d'un titre

Publié le 30/01/2013 à 09:17, mis à jour le 30/01/2013 à 09:17

Mooney: Amazon et une leçon d'évaluation d'un titre

Publié le 30/01/2013 à 09:17, mis à jour le 30/01/2013 à 09:17

BLOGUE. Amazon.com a publié hier soir des résultats qui à première vue étaient décevants, avec des bénéfices et des revenus inférieurs aux attentes. Pour un titre à plus de 100 fois les profits, ce n’est pas une bonne nouvelle.

Or, Amazon est en hausse de plus de 20$US ce matin, avant l’ouverture, une explosion de plus de 8%.

Bienvenue au monde parfois difficile à comprendre de l’évaluation des titres en Bourse.

Commençons par ses résultats en 2012. Pour l’année, Amazon.com a subi une perte de 0,09$US par action sur des revenus en hausse de 27% à 61 milliards de dollars (G$) US. Son bénéfice d’exploitation a reculé de 22% à 676M$US.

Pour son dernier trimestre de l’exercice, la société a vu ses bénéfices nets baisser de 45% à 97M$US (0,21$US par action) même si son chiffre d’affaires a progressé de 22% à 21,3G$US.

Amazon a généré 395M$US en 2012, après ses dépenses en immobilisations, en baisse de 81%. Si on ne tient pas compte de son achat d’immobilier de 1,4G$US, la société a généré 1,8G$US par rapport à 2,1G$US en 2011. Le titre, avant l’ouverture, se vendait à plus de 68 fois ses fonds générés libres.

Ce qui a excité les analystes, c’est l’amélioration des marges d’exploitation, ce qu’ils appellent le «consolidated segment operating income», ou les bénéfices d’exploitation des différents segments d’Amazon.com. Au quatrième trimestre, cette marge est passée de 2,7% à 3,2% en raison de l’amélioration des marges brutes.

Cette amélioration donne l’espoir aux analystes que la société a terminé ses importants investissements des dernières années et peut maintenant récolter les fruits de ces dépenses.

Or, des marges supérieures aux attentes dans un modèle d’affaires comme celui d’Amazon.com, peuvent faire exploser les prévisions de bénéfices. Par exemple, Stephen Ju, analyste de Credit Suisse, fait passer sa prévision pour 2013 de 2,16$US à 2,41$US et celle de 2014 de 3,76$US à 5,26$US. Pour 2015, il prévoit maintenant 8,47$US contre 5,77$US auparavant. Cela même si l’analyste a abaissé ses prévisions de croissance pour les revenus d’Amazon.

Ce qui fait que le titre se vend plus de 30 fois ses profits prévus en 2015.

Comment expliquer ce genre d’évaluation? Cela s’explique par l’incroyable puissance du modèle d’affaires d’Amazon.com et la confiance immense que les financiers ont en son président Jeff Bezos. Tous ceux qui ont parié contre lui depuis plus de cinq ans ont eu leur tête livrée sur un plateau, pratiquement dès le lendemain matin (comme ceux qui ont vendu le titre à découvert hier...).

Je n’achèterais pas le titre pour autant, la marge de sécurité étant nulle. Par contre, ce titre démontre qu’il y a plus que le ratio cours/bénéfices dans l’évaluation d’un titre.

Bernard Mooney

 

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.