Facebook vaut-elle plus que Coca-Cola?


Édition du 08 Mars 2014

Facebook vaut-elle plus que Coca-Cola?


Édition du 08 Mars 2014

Deux types de profits

La valeur nous donne une estimation de la grosseur d'une société. On peut ainsi la comparer aux revenus et avoir une idée de son évaluation, en tenant compte du secteur dans lequel elle évolue. Par exemple, Coca-Cola se vend environ 3,6 fois ses revenus de 2013, ce qui est raisonnable pour une entreprise dont les marges bénéficiaires nettes dépassent les 19 %.

De son côté, Facebook se vend plus de 22 fois ses revenus de l'an dernier, ce qui est généreux pour un titre du secteur des technologies.

En fonction des bénéfices, Coca-Cola se vend 17,7 fois ses profits prévus cette année et 16,6 fois ceux de l'an prochain. C'est plus compliqué pour Facebook. En effet, si vous consultez la fiche d'information du bulletin financier Value Line Investment Survey, vous verrez qu'elle attribue des bénéfices par action de 0,60 $ US en 2013 et qu'elle prévoit 0,85 $ US en 2014. En s'appuyant sur ces chiffres, le titre se vend à 118 fois ses profits des quatre derniers trimestres et à 83 fois ceux de 2014.

Si vous lisez les prévisions des analystes financiers, vous obtiendrez des chiffres différents. Selon eux, Facebook a réalisé un bénéfice de 0,88 $ US par action en 2013 et non de 0,60 $ US ; et ils prévoient en moyenne 1,25 $ US en 2014 par rapport à 0,85 $ US pour Value Line, qui est reconnue pour ses prévisions relativement optimistes.

Comment peut-on avoir deux types de bénéfices pour la même société ?

Value Line considère que les programmes de rémunération par options sont des dépenses qu'il faut soustraire des revenus. Les analystes, eux, n'en tiennent pas compte, ce qui gonfle les bénéfices. Cette pratique n'est pas conforme aux normes comptables, mais est tout de même généralisée chez les analystes ainsi que chez les gestionnaires de portefeuille.

À mon avis, les programmes d'options sont des dépenses, et les données de Value Line reflètent la réalité économique.

Placement trop risqué

En tant qu'investisseur, avec de tels ratios, j'arrêterai ici mon analyse de Facebook. Trop cher.

Mais mon lecteur se demandait comment on peut expliquer que Facebook vaille davantage que des sociétés comme Coca-Cola. La réponse se trouve dans la croissance prévue.

Rares sont les entreprises comme Facebook qui dominent un secteur comme elle le fait et qui afficheront une croissance prévisible très élevée dans les prochaines années. Ainsi, les analystes prévoient des revenus de 11,3 G$ US cette année, soit une croissance de près de 45 %, et un autre bond de 30 % en 2015.

Les bénéfices devraient suivre. Si on accepte les données des analystes, celles-ci prévoient un bénéfice par action de 1,25 $ US cette année par rapport à 0,88 $ US en 2013, et de 1,68 $ US en 2015.

Pour les cinq prochaines années, on s'attend à une croissance des bénéfices de 32 %, ce qui est impressionnant. Cela se compare à une croissance prévue de 6,4 % pour Coca-Cola.

Cela n'en fait pas un bon placement pour autant. Si j'accepte les bénéfices des analystes sans tenir compte des dépenses liées aux options et si j'estime qu'ils croîtront de 32 %, j'obtiens un titre qui se vend plus de 20 fois les profits prévus en 2018. Oui, vous avez bien lu, dans quatre ans. Et vous savez tout ce qui peut arriver en 48 mois à une société évoluant dans un secteur aussi difficile à prévoir.

En 2018 pourtant, si les perspectives de Facebook sont moins étincelantes et que le titre se vend seulement 20 fois les bénéfices, le titre du réseau social se retrouvera à 70 $ US. Le même cours qu'actuellement. Un pensez-y bien.

Blogues similaires

Canada Goose : le coup de froid

Édition du 26 Janvier 2019 | François Pouliot

CHRONIQUE. Le Canada a bon nom à l'étranger. Utilisons-le pour tenter de donner du levier à nos produits. Bonne ...

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.